J’ai commencé à m’intéresser à la question allaitement et travail en 2001. Les choses ont-elles évolué depuis 13 ans ?
Il y a eu la mise à jour du code du travail en 2007…qui n’a rien changé aux mesures existantes, bien que l’on ai bien failli perdre les mesures protégeant l’allaitement.
Dans la pratique, l’idée qu’il ne soit pas obligatoire de sevrer son bébé pour reprendre le travail a fait son chemin et de plus en plus de femmes poursuivent leur allaitement à la reprise du travail. Je le vois sur ce blog où le nombre de lecteurs et le nombre de commentaires ne cesse d’augmenter. Mais je le vois aussi dans ma pratique de consultante en lactation : de plus en plus de femmes me contactent pour des renseignements sur cette question.
Dans le monde du travail, de plus en plus de femmes tirent leur lait sur leur lieu de travail, c’est absolument incontestable. De plus en plus de femmes rencontrent le soutien de leur milieu professionnel et c’est une excellente nouvelle ! Ceci étant, cela ne signifie pas qu’elles ne rencontrent plus de difficultés, loin de là . Les témoignages sont nombreux pour dénoncer l’attitude des collègues ou de la hiérarchie et il existe encore des femmes qui perdent leur poste parce qu’elles ont osé tenir tête à leur chef et poursuivre leur tirage de lait. Alors certes, elles ne sont jamais licenciées expressément pour cette raison, ce serait illégal mais on trouve une autre raison ou on les pousse dehors en leur imposant de longs voyages loin de chez elles par exemple.
Du côté des media, cette question a fait l’objet de plus en plus d’articles ou de reportages et j’en suis absolument ravie. Plus on en parlera, plus cette question n’en sera plus une, il sera normal de tirer son lait au travail si on le souhaite.
Enfin, il y a cette député européenne que vous voyez ici en photo, représentant l’Italie qui est venue au parlement accompagnée de sa fille pendant de nombreux mois et qui a déclaré : « Je suis ici avec ma fille pour penser à toutes les femmes qui ne peuvent pas concilier sereinement grossesse et emploi, vie professionnelle et vie de famille. »
Et vous, voyez-vous les choses évoluer ?
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Je reste toujours pantoise du fait qu’on doive se « battre » pour faire reconnaitre un droit naturel. De mon côté j’allaite toujours ma fille de 21 mois bien qu’étant absente 4 nuits toutes les 4 semaines…. Je travaille à l’étranger et je me suis auto aménagé la possibilité de tirer mon lait, le principe implicite étant que je n’en parle pas plus que ça et que je bénéficie d’une neutralité bienveillante. L’autre jour le vice-président cherchait de l’essuie-tout dans notre open space et quand j’en ai sorti de mon sac « tire-lait » il m’a dit « Mais pourquoi vous vous promenez avec ça? » moi « je tire toujours mon lait », lui « ah c’est super »… Le tout sans revendication… J’espère ouvrir la voie pour les suivantes
@Elea
Merci beaucoup pour ce témoignage !
C’est cette photo qui m’a donné le droit de m’autoriser à animer mes conférences et aller à mes rdv professionnels les premiers mois avec mon bébé en écharpe de portage.
Je suis d’accord avec Eléa
@Nadège
Génial !
Et j’ai oublié de préciser le plus important : c’est que j’ai toujours été bien accueilli !
On progresse c’est certain : lorsque j’ai souhaité tirer mon lait il y a bientôt 6 ans, j’étais un peu une extra-terrestre au boulot (sans méchanceté, mais on sentait que ma demande était particulièrement inhabituelle, et il a fallu quelques semaines pour trouver la bonne organisation). Lorsque j’ai ré-itéré cette demande il y a 1 an et demi, les choses étaient plus naturelles, d’autres mamans étaient passées par là entre temps.
Par contre ce n’est pas partout pareil : une amie m’a rapporté récemment que lors d’un congrès, elle a souhaité utiliser la « pièce bébé » (avec table à la langer, micro-onde, chaise, table…) pour tirer son lait, et a été refoulée parce qu’elle n’était pas « avec » bébé 🙁
@Kaline
Merci pour ce témoignage !
Bizarre d’être refoulée pour tirer son lait…
bonjour à toutes et bonjour Véronique !
Je souhaite témoigner en tant que fonctionnaire : attention !
Le droit de la fonction publique est muet sur l’heure d’allaitement : pire une circulaire de 1997 l’interdit !!
Mais circulaire ne vaut pas loi : donc si le droit de la fonction publique est muet sur la question alors on rejoint le code du travail du privé.
Donc oui fonctionnaire vous avez droit à votre heure !!!!
Au pire demandez à votre DRH un lettre signée vous interdisant de tirer votre lait si on vous fait des difficultés : ça m’étonnerait que votre administration prenne le risque d’un procès au tribunal administratif 🙂
Pour ma part, je travaille dans un conseil général et je n’ai pas de problème. En même temps j’étais sûre de mon droit et je l’ai pris ! Malheureusement on a dit à une des secrétaires de la DRH qu’elle n’avait pas le droit de tirer son lait…Elle a donc sevré son fils…La DRH ! c’est moche !
@Estelle
Merci pour ce témoignage !
Merci pour ses précisions. Etant fonctionnaire, j’étais certaine d’avoir droit à cette heure. J’ai la chance d’avoir un bureau seule, donc je m’enferme juste 2 fois par jour (1 maintenant). Je n’ai pas demandé d’autorisation. Par contre, que se passe t il une fois les 12 mois de bébé atteint?
@Virginie
Une fois passée la première année, vous n’avez plus droit à l’heure d’allaitement mais si vous continuez, en général personne ne vous dit rien…
Les choses ont-elles changé ?
Quand je lis ce blog ou d’autres sites, je vois que je ne suis pas la seule maman sur la planète Terre à avoir choisi d’allaiter mes enfants et je m’en réjouis.
Quand je considère mon expérience personnelle (un premier allaitement commencé en 2010, qui a duré jusqu’aux 3 ans passés de mon Grand et un deuxième allaitement en cours pour mon 2ème avec tirage de lait sur mon lieu de travail pour les 2), je me sens terriblement seule au monde, atypique, marginale, hors norme.
Et je me dis qu’il y a effectivement comme une impression de changement mais que dans la réalité on est bien loin du compte.
Aujourd’hui, en 2014, je tire mon lait dans les toilettes de mon travail pour avoir la tranquillité nécessaire et ne pas être dérangée par mes collègues, leurs regards et les ragots qui s’en suivent.
Aujourd’hui, en 2014, tous les jours, assise sur la cuvette des toilettes pour handicapés, je me sens moi aussi un peu « handicapée ».
J’ai pourtant bien la possibilité de tirer mon lait sur mon lieu de travail, dans la salle des archives si je le souhaite, un lieu sans fenêtre, poussiéreux, sans chaise parfois et avec en prime, la venue possible des personnes qui y viennent classer leur document.
Pour mon 1er, j’y ai tiré mon lait jusqu’à ses 2 ans, fière, heureuse de montrer à mes collègues qui sont toutes des femmes, qu’un autre modèle est possible.
Pour mon 2ème, je n’y arrive plus. J’ai laissé de côté la revendication pour la tranquillité.
Mes collègues femmes se sont quand même radicalement insurgées dernièrement parce qu’une jeune maman avait quitté la file d’attente au guichet d’un lieu public pour allaiter son bébé de quelques jours : « Je veux bien que ce soit naturel mais là quand même tu te rends compte allaiter devant tout le monde comme ça !!!! » Et mes collègues de répondre : » Faut pas exagérer non plus ! »
Ça m’a rendu terriblement pessimiste… et tellement triste pour toutes ces femmes qui passent à côté encore et toujours d’une telle beauté, d’une telle simplicité, d’une telle liberté, qui est celle de pouvoir choisir d’allaiter son enfant.
@Nausicaa
Merci pour votre retour.
J’ai envie d’être optimiste mais oui je suis d’accord avec vous : l’allaitement hors de chez soi devient plus difficile ces derniers temps.