Aujourd’hui je vous propose un thème que plusieurs personnes m’ont demandé de traiter, celui du co-allaitement.
Pour celles qui ne connaissent pas le co-allaitement, c’est le fait d’allaiter deux enfants d’âges différents. Cela se produit lorsqu’un enfant est toujours allaité à la naissance de sa petite sÅ“ur ou de son petit frère. La mère poursuit l’allaitement de son aîné(e) et allaite son nouveau bébé.
Dans ce cas, la composition du lait maternel s’adapte toujours au bébé le plus jeune et la lactation s’adapte pour pouvoir nourrir deux enfants.
Lorsqu’une mère co-allaite ses enfants et qu’elle reprend le travail, de nouvelles questions se posent : comment la lactation va t-elle s’adapter pendant les heures de travail, doit-elle tirer son lait, pour un ou deux enfants, comment le vivent les enfants, et la mère,… ?
En cas de co-allaitement, les choix à la reprise du travail sont les mêmes que pour un allaitement classique : faire un allaitement mixte, tirer son lait, au travail ou à la maison, ou bien sevrer. Mais ces choix vont nécessiter des adaptations.
Si vous choisissez de tirer votre lait au travail, vous allez le faire uniquement pour le bébé le plus jeune car le plus âgé est en général âgé de plus d’un an et peut se contenter des tétées quand vous êtes à la maison. Comme la lactation est doublement stimulée à la maison, le tirage est en général plus facile au travail.
Si vous choisissez de ne pas tirer le lait au travail mais de tirer à la maison, cela risque d’être compliqué car c’est difficile de trouver un moment pour tirer son lait à la maison lorsque deux enfants demandent régulièrement à téter. C’est donc un choix qui risque de ne pas fonctionner.
Si vous choisissez de faire un allaitement mixte et de ne pas tirer votre lait au travail, vous devrez faire attention à ne pas faire d’engorgement la journée car avec une double stimulation à la maison, vos seins risquent de se remplir rapidement au travail. Si jamais vous faites des engorgements à répétition, je vous suggère de suivre les mêmes conseils que pour une lactation importante. Par contre l’avantage du co-allaitement dans ce cas, c’est que c’est beaucoup plus facile de maintenir une lactation suffisante.
Le co-allaitement permet à l’aîné de bénéficier également des tétées de retrouvailles et c’est en général quelque-chose qu’il apprécie beaucoup.
Certaines femmes vivent mal le co-allaitement et les demandes de l’aîné, surtout lorsque celui-ci est « accro » au sein. Ce n’est pas toujours facile à vivre et si vous êtes dans ce cas, n’hésitez pas à prendre RDV avec une consultante en lactation.
Et vous, avez-vous repris le travail en co-allaitement ? Comment cela s’est-il passé ?
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En plein dedans !!! Ma grande a juste 3 ans et ma petite 3 mois 1/2, et j’ai repris le boulot il y a 15 jours… Je tire mon lait 2 fois au travail et c’est vrai que les quantités m’impressionnent (mais pour ma grande, j’avais tiré sans aucun souci aussi, le tire-lait est plutôt mon copain… encore plus cette fois-ci, je comprends pourquoi, du coup !)
Ce que je trouve le plus compliqué à gérer, c’est la tétée de retrouvailles, car je préfère allaiter mes filles l’une après l’autre, désormais (après 1-2 mois de co-tétées avec plaisir, je commence à me lasser de l’allaitement de ma grande et essaie de la pousser doucement vers le sevrage, mais elle n’en est pas encore prête). Or, là , les récupérant chez l’assistante maternelle à la même heure, aucune des 2 n’a envie de laisser sa place… normal pour la petite, logique pour la grande, vu la proximité encore de la naissance de sa soeur…
@Beanouchie
Merci pour ce témoignage !
Ma fille a 16 mois… et son frère 3 ans et 3 mois. Ils ont été coallaités jusqu’à il y a trois jours.
Le coallaitement n’est effectivement pas qu’une partie de plaisir : sentiment d’énervement face au plus grand (et pas de réflexe d’éjection avec lui pendant plusieurs mois, alors que ça venait en deux secondes pour la petite), difficultés à faire rentrer toutes ces tétées en une seule journée :), gestion difficile aussi des nuits les premiers mois (mon fils continuait à téter la nuit).
Mais le coallaitement a aussi eu ses vertus : gestion plus facile de la montée de lait, avec le grand qui épongeait les surplus (et du coup s’était remis à téter 6 fois par jour, arghn habitude qu’il a gardée pendant plusieurs mois : il voulait téter chaque fois qu’il voyait sa soeur le faire), facilité des tirages au travail, réelle complicité entre les deux enfants lors des tétées.
Progressivement (et trop lentement à mon goût, mais je n’ai pas voulu le brusquer), mon fils a diminué le rythme pour ne garder que la tétée du matin, celle des retrouvailles et celle du dodo. Puis une crevasse aux 12 mois de ma fille a fait sauter celle du dodo (pour lui, pas pour elle). Pour le matin, il avait pris l’habitude de venir dans notre lit très tôt pour téter tranquille tout seul, avant le réveil de sa soeur.
Depuis quinze jours, la petite, le soir, aux retrouvailles, criait quand son frère s’approchait du sein, lâchait celui qu’elle tenait pour foncer sur l’autre et empêcher son frère de téter, puis tout ça finissait en rigolade des deux, chacun sur un sein. ça me permettait d’en rajouter une couche « tu vois, ta soeur aussi trouve que tu es devenu trop grand pour téter ». Et de toute façon mon garçon ne tétait plus très longtemps, même pas une minute parfois (beaucoup plus d’autres fois…).
Et puis, il y a trois jours, le matin (tétée « indispensable » jusque là ), mon fils n’a rien demandé, il s’est assis à côté de moi pour faire un câlin pendant que sa soeur tétait et il a dit « maintenant, je suis grand, je tète plus ». Ouaouh ! Soulagement de mon côté, de celui de sa soeur aussi.
Je suis contente de m’être accrochée quand faire téter le grand devenait difficile. Parce que j’ai le sentiment que, même si je l’ai poussé à arrêter en lui disant qu’il était grand, qu’il fallait songer à arrêter, la décision finale est venue de lui à partir du moment où il l’a verbalisée.
Et je continue à tirer au bureau pour sa soeur, parce qu’il fait chaud et qu’en ce moment elle veut beaucoup de lait l’après-midi. Mais le lait est de plus en plus épais, et il y en a de moins en moins par tirage. Le fait que son frère ne tire plus joue aussi.
Je pense que j’arrêterai dans un mois, quand je partirai en vacances. A la rentrée, elle aura 18 mois ; avec son frère j’avais arrêté de tirer à ses 12 mois, mais il ne prenait plus de lait depuis quatre mois déjà avec la nounou. Je pense (j’espère) que ma fille tètera longtemps encore après la fin des tirages.
Au final, le coallaitement m’a fait serrer les dents, j’ai connu ces mouvements d’humeur négatifs envers le grand qui tète, mais c’était vraiment chouette, je ne regrette rien, et le voir s’arrêter tout seul… Quelle fierté nous avons ressentie, son papa et moi 🙂 ! Quant à sa soeur, elle profite à fond de maman et prend maintenant les deux seins, ce qu’elle ne faisait pas avant (il faut dire qu’il y a peut-être moins de lait dans chacun maintenant).
Sinon, par rapport au boulot, je n’ai pas franchement vu la différence entre coallaitement et allaitement simple (pas plus d’engorgement, sans doute plus de lait, mais j’avais aussi un tire-lait double tirage – c’était plus adapté au regard du coallaitement 🙂 ). Peut-être plus de joie encore lors de la tétée de retrouvailles, puisque c’étaient des double retrouvailles ?
@Sandrine
Merci pour ce très beau témoignage !