allaitement et travailJe suis Conseillère d’orientation psychologue, j’ai eu la chance de reprendre le travail quand notre fille avait 6 mois. Avant sa naissance, je n’avais pas d’idée préconçue sur l’allaitement, je voulais essayer, si cela fonctionnait c’était bien sinon ce n’était pas grave…mais avec sa naissance, je n’ai jamais pu imaginer lui donner autre chose que mon lait. Les débuts à la maternité ont été un peu difficile et une auxiliaire de puériculture m’a orientée vers une consultante en lactation certifiée IBCLC qui travaillait au sein de la maternité. Cette rencontre et son soutien a fait, selon moi, que j’ai pris confiance en moi, en ma capacité à allaiter ma fille et ce quelles que soient les difficultés rencontrées et notamment la reprise du travail.

  • Quel choix avez-vous fait à la reprise du travail ?

Aux six mois de notre fille, j’ai donc repris le travail à temps plein. J’ai donc fait le choix de travailler trois jours pleins et deux demi-journées pour pouvoir l’allaiter davantage. J’ai donc commencé à tirer mon lait trois mois avant la reprise, une fois par jour, pour constituer un stock de lait congelé. Comme je ne tirais pas en grande quantité, je n’aurais jamais pu fournir assez de lait à la crèche en donnant seulement mon lait de la veille.

  • Comment vous êtes-vous organisée ?

Lors de l’adaptation à la crèche j’ai expliqué mon projet d’allaitement, et ai demandé si je pouvais venir allaiter sur l’heure du midi, ce qui a été accepté. Nous étions plusieurs mamans a donné notre lait, mais j’ai été la seule à venir sur l’heure du midi pour compléter le biberon et de la purée du midi.
J’ai donc pris le parti de tirer mon lait trois fois par jour, une fois à la pause de 10h sur le temps de la récréation quand je travaillais en établissement. Une fois vers 16h sur la pause également. La récréation durant 15 min c’était juste ce qui me fallait pour tirer entre 60 et 90ml. Et une dernière fois le soir vers 22h30. Étonnamment c’est ce tirage là qui me paraissait le plus contraignant car j’étais épuisée et par conséquent c’est également celui-ci qui rendait le moins.
Pour tirer mon lait j’avais échangé mon gros tire-lait pour un modèle plus petit qui s’est révélé complètement inefficace, je suis donc retournée au premier modèle deux fois plus encombrant. Je le transportais dans un sac glacière avec deux blocs de glace. Ce qui me permettait de garder au frais mon lait. Quand j’étais au bureau hors établissement, je stockais mon lait au frigo. En établissement, je tirais mon lait dans mon bureau. Quand je travaillais en CIO, je prenais une petite pièce que je pouvais fermer à clef avec un point d’eau.
J’ai tiré mon lait jusqu’aux 11 mois de ma fille. J’ai arrêté de tirer mon lait car ma fille a progressivement refusé de boire mon lait (au biberon, au verre, à la cuillère ) et préférait les yaourts.

  • Quelles ont-été vos principales difficultés ?

Deux choses m’ont paru difficiles. La première ce sont les allers-retours crèche-travail qui réduisaient considérablement ma pause de midi, et de consacrer toutes mes pauses à l’allaitement qui ne m’ont pas rendu visible auprès de l’équipe pédagogique. C’est quand j’ai arrêté de tirer mon lait et ai donc participé aux pauses entre collègues que je m’en suis rendue compte, cela a grandement facilité mon travail et ma place dans l’équipe. Les pauses du midi étaient aussi plus reposantes pour moi. La deuxième chose a été la politique de la crèche en ce qui concerne la diversification, le médecin de crèche avait établi un protocole qui ne permettait plus de donner mon lait ou de venir allaiter quand l’enfant avait introduit la viande dans son alimentation…trop de protéine selon lui…ça a été la douche froide car notre fille a commencé la viande vers 7-8mois, et c’était impensable pour moi qu’elle se passe de mon lait durant 10 h. Ils m’ont dit que pour pouvoir continuer d’allaiter il me fallait une ordonnance d’un médecin qui précisait la non contre-indication lait maternel-viande. Le souci était que le pédiatre de la crèche était également le pédiatre de notre fille. Les deux consultantes en lactation de la maternité n’étant pas médecin elles m’ont orientée vers une médecin généraliste certifiée IBCLC qui travaillait dans un autre hôpital, ce que j’ai donc fait et j’ai donc apporté cette lettre à la crèche qui ne m’a pas causé de soucis après…je trouve cela difficile même dans un lieu bienveillant de devoir toujours justifier notre façon de faire et de devoir passer par l’autorisation d’un médecin, comme si en tant que mère nous ne pouvions pas être pleinement responsable de nos actes.

  • Quels ont-été vos meilleurs moments ?

Mes meilleurs moments furent nos retrouvailles, et avec le recul d’avoir pu fournir à ma fille mon lait sans qu’elle n’ai jamais pris à aucun moment du lait artificiel.

  • Ce serait à refaire vous referiez le même choix ?

Malgré la fatigue, je pense que je referais exactement la même chose, car je pense que cela m’a permis de ne pas culpabiliser de devoir laisser notre fille pendant 10h par jour si petite. Et puis cela lui a permis, aussi, d’être allaitée jusqu’au sevrage naturel décidé par elle il y a maintenant 3 semaines à 22 mois passés. Peut-être que si j’avais une situation financière plus satisfaisante, et sécure, j’aurais pris un temps partiel pour me dégager un peu de temps pour moi.

  • Qu’est-ce que vous souhaiteriez dire aux autres mamans ?

De bien s’entourer par des professionnels formés et aussi et surtout de se faire confiance et de ne pas lâcher face aux différentes pressions ou difficultés rencontrées car c’est une telle fierté Et de commencer un stock de lait, d’une part pour tester le tire-lait et procéder à un changement si inefficace. Et de devancer les baisses de lactation, qui peuvent se produire avec la fatigue, ou les règles. C’est moins stressant de savoir que même si on ne tire que 30ml un soir, notre bébé aura tout de même de quoi boire le lendemain.

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