Je m’appelle Carole, j’ai 28 ans et je suis la maman de Eve, 10 mois et toujours allaitée.
Dans la vie, en plus d’être maman, je suis organisatrice de mariages/chef d’entreprise. Comme beaucoup de mes consÅ“urs, je travaille depuis chez moi.
Je suis fille unique, allaitée par une maman au foyer ; mon conjoint fait parti d’une fratrie de 5 enfants, presque tous allaités par une maman au foyer. Il a aussi 4 neveux, tous allaités au long court.

Voilà le décor.

Enceinte de Eve, la question de l’allaitement ne s’est pas posée (ni imposée) ; c’était une évidence. Nous allions allaiter notre fille.
Préparer et lui donner un biberon est un geste que je ne pouvais pas me représenter.

Quand nous avons annoncé la grossesse autour de nous, la planète entière à cherché à savoir comment nous allions faire garder notre fille. La crèche ou la nounou, aucune autre solution ne semblait possible.
Et pourtant.
Dans ma tête, il n’y avait qu’un seul scénario envisageable : j’allais garder notre fille à la maison avec moi. Au moins un an et nous ferions le bilan.
On dit bonjour au scepticisme et aux mots décourageants.
À bien y réfléchir, on se disait que quand même, un peu d’aide ce serait pas mal.
Alors ma maman, qui habitait à 400 km de là , a déménagé près de chez nous.

J’avais échangé avec une autre organisatrice de mariage qui l’avait fait. Elle avait eu cette phrase qui résonne encore dans ma tête : « Puise dans ton entourage proche. Ce n’est pas facile, mais c’est possible. Et trouve toi un bon tire-lait, double pompage, sur batterie »

Voilà comment nous nous sommes lancés ; quand on est chef d’entreprise, le congé maternité est un concept tout à fait vague. J’ai envoyé mes derniers mails sur mon smartphone depuis la maternité et j’ai repris (progressivement) au bout de 2 semaines et complètement à un mois.

Pas le choix : le premier mariage de la saison avait lieu à ce moment là .

Au quotidien, je suivais le rythme de Eve. Je travaillais au rythme de nos tétées et de ses siestes.
Ma maman s’en occupait le reste du temps.
Le soir, c’est son papa qui prenait le relais pour le repas, les tâches ménagères,… pour que je puisse maximiser mon temps de travail sans trop empiéter sur mes nuits (coup de bol pour nous, elle a fait ses nuits dès la naissance).
Je me mettais en service minimum les jours de pic de croissance, passant de longues heures avec elle sur le canapé pour la nourrir.

Seul impératif : un tête à tête avec mon tire-lait tous les matins après la première tétée. Il fallait constituer des stocks pour les moments où je partais en rendez-vous à l’extérieur et que je ne pouvais pas l’emmener (entre 2 et 6h de temps), et les jours de mariage (où là je partais vers 7h et ne revenais que dans la nuit). Là aussi, j’ai eu de la chance : j’ai toujours produit beaucoup de lait. Les stocks n’étaient pas difficiles à maintenir.

Oui, j’emmenais ma fille et ma mère en rendez-vous.
La visite d’un lieu de réception ou une installation ? Il y a toujours un parc pour se promener.
Une visite chez un client ou un fournisseur ? Une promenade dans la ville ou le village.
Dès que les horaires et la météo le permettaient, nous partions en expédition toutes les trois.
Un seul critère régissait mes choix (et encore aujourd’hui) : le bien être de notre fille.

Quand je partais pour la journée, j’emmenais mon tire-lait pour soulager mes seins.

Au début, ça a été dur de trouver le tempo.
Nous étions sur deux rythmes très aléatoires : celui de mon travail qui fluctue énormément, et celui de Eve, petit bébé donc imprévisible.
Il y a eu des jours où je me suis dit que je n’y arriverais pas. Trop compliqué, trop de contraintes.
Je n’ai pas envisagé de faire garder ma fille, non. J’ai envisagé d’arrêter de travailler.
Parce que nous sommes persuadés que ce qui compte le plus pour un enfant dans ses premières années de vie, c’est la présence de ses parents. Qu’il aura tout le temps de découvrir la vie en collectivité.

Et puis je me suis raccrochée à cette pensée : « Demain elle aura un jour de plus. Demain ce ne sera plus pareil. Ce moment difficile à passer ne se reproduira plus jamais ».
Je réalisais que ce n’était qu’une année, une année exceptionnelle à vivre à fond.
A 3 ans, elle ira à l’école et tout ça sera dernière nous sans qu’on ne le réalise vraiment.

Alors j’ai fréquenté les réunions Leche League pour trouver du soutien. Dans mon entourage proche aussi (ma maman et mon conjoint, et une amie sage-femme, toujours pleine d’encouragements !)

Puis la diversification est arrivée. Un vrai miracle !
À 5 mois et demi, elle attrapait les aliments dans nos assiettes pour les mettre à sa bouche. Elle tenait assise. On a commencé la DME. Elle a adoré manger.
Et là , tout est devenu encore plus simple.
J’avais 30 minutes de retard sur un rendez-vous ? On la faisait patienter avec une banane.
Les semaines passaient et la quantité de solides qu’elle mangeait augmentait. J’ai ralenti avec le tire-lait.
Un soir, je suis rentrée tard d’un rendez-vous client, un peu inquiète. Elle s’était endormie paisiblement dans les bras de son papa.

Aujourd’hui, elle mange 3 à 5 repas par jour et elle tète 3 à 5 fois par jour.
Ça dépend des jours, de ses dents, de son humeur, de ma présence.
Je continue à tirer mon lait uniquement pour les jours où je sais que je ne serai pas là pour la coucher (que ce soit un rendez-vous ou un ciné avec son papa !).
Encore aujourd’hui, quand on a un coup dur, qu’elle est malade et qu’elle me réclame (moi et mes seins !), que ma maman est malade et ne peut pas la garder, je repense toujours à la même chose ; ce n’est que pour quelques mois/années. Que c’est Eve le plus important !

Et vous savez quoi ? On s’en sort comme des chefs.
Jamais je n’ai eu de problème avec un client. Nous avons toujours trouvé une solution.
J’ai pu râler, douter…mais maintenant je ne regrette pas une seule seconde le choix que nous avons fait.
Je sais que nous ferons pareil pour nos futurs enfants. Parce que la voir grandir sous mes yeux, participer à chacune de ses progressions, être là pour presque chaque tétée et se dire qu’elle a exactement ce dont elle a besoin, ça n’a pas de prix.
Il ne faut pas hésiter à penser hors du cadre, pour trouver la solution qui vous convient le mieux !

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