Alice est née le 28 mai. Mon mari et moi souhaitions qu’elle soit allaitée. Nous ne nous étions que peu renseignés pendant la grossesse sur l’allaitement mais étions vraiment motivés. Ma seule crainte était que « ça ne marche pas » et que je ne sache pas gérer ma déception.
Après sa naissance nous avons été un peu esseulés car la maternité était surchargée. J’ai essayé de mettre Alice au sein pour une tétée d’accueil mais ne savais pas bien comment m’y prendre. Une sage femme me l’a finalement mise au sein 3h après sa naissance.

Ensuite, durant les premiers jours, j’ai connu quelques difficultés pour bien la mettre. Les sage-femmes étaient débordées et passaient en coup de vent, essayant de m’aider comme elles le pouvaient. Finalement, le 3è jour, une sage-femme m’a remontré bien calmement et est restée plusieurs minutes pendant la tétée, j’ai fini par prendre confiance, bien comprendre comment faire et mieux m’y prendre. En parallèle, j’ai aussi ressenti une grande pression de la part du personnel médical: si tu veux que ton allaitement marche il faut lui donner très souvent pendant les premières semaines (toutes les 2-3h), y compris la nuit et il faut la réveiller pour lui donner, « merci de mettre votre réveil à sonner ». Cela m’a non seulement épuisée mais complètement stressée.
De retour à la maison nous avons continué avec ce rythme effréné. Le problème c’est que notre bébé pleurait beaucoup et avait beaucoup de mal à se rendormir. Quand elle finissait par dormir c’était déjà presque l’heure de la réveiller pour la tétée suivante! Au bout d’une semaine environ elle avait repris son poids de naissance et pour notre survie nous avons décidé d’allonger les périodes de sommeil la nuit. Si elle dormait 4 ou 5h alors nous aussi!
Dès le 3è jour d’Alice j’avais ressenti des douleurs à un téton mais les sage-femmes disaient qu’il n’y avait pas de crevasse et rien de visible, que ça passerait. Plus le temps passait et plus j’avais mal, y compris au deuxième. Les débuts de tétée devenaient vraiment difficiles. J’en ai parlé à la sage-femme qui venait à domicile. Elle a hésité entre une infection ou une candidose et m’a traitée pour les deux: crème antibiotique, crème antifongique sur les tétons et huile de coco dans la bouche de bébé après chaque tétée. Alice n’avait pas de muguet (et n’en a jamais eu). Les symptômes ont un peu régressé mais revenaient. Nous avons donc attaqué le deuxième traitement quans Alice a eu 3 semaines: la gentiane violette. Que ce fut difficile pour moi de voir mon bébé avec le tour de la bouche tout violet, comme un petit clown. Comme je culpabilisais de lui infliger ça! J’interdisais à tout le monde de prendre des photos. De nouveau les symptômes ont été très attenués mais sont revenus en puissance. Finalement, j’ai pris un troisième traitement: antifongique oral. Là les symptômes sont passés. Et revenus 2 semaines plus tard… J’en ai parlé à ma gynécologue qui m’a dit que je portais surement le champignon sur moi en permanence et que je ne pourrai pas l’éradiquer. Elle m’a prescrit plusieurs cures d’antifongique oral et m’a dit d’en prendre quand les symptômes étaient trop forts. D’apprendre que je pouvais arrêter de lutter, que je ne pourrai pas gagner, m’a beaucoup aidée psychologiquement. J’ai même eu un répit de plusieurs semaines. Après quelques cures, les comprimés ne m’ont plus fait d’effet, je pense que j’ai développé une résistance. Par contre, j’ai appris à maîtriser la douleur et le champignon: cure intensive de tisane de gingembre, huile de coco sur les seins et sommeil encouragé (en épisode douloureux je ne me lève plus la nuit, c’est mon mari qui gère tout et m’amène le bébé dans le lit si besoin de tétée), si douleur insupportable je tire mon lait et ne donne plus le sein pendant 24h. C’est mon remède et c’est ce qui marche le mieux pour moi et m’a permis de continuer l’allaitement malgré cette candidose chronique.
J’ai voulu continuer à allaiter en reprenant le travail. J’ai repris quand Alice a eu 4 mois. La crèche acceptait de donner du lait maternel. Nous avons décidé d’introduire les purées de légumes à ses 4 mois : elle a beaucoup souffert de coliques et de reflux, on espérait que le solide l’aide et cela me permettait aussi d’avoir moins de lait à apporter à la crèche et ça me rassurait. Mon entreprise encourage l’allaitement en offrant l’accès à une salle pour tirer son lait : fauteuil confortable, réfrigérateur, magazines, évier, calendrier de réservation etc. Ce fut un fiasco total pour moi: 7 minutes de marche pour aller à la salle, 50 minutes pour tirer une quantité plutôt faible de lait… J’étais hyper stressée et même si j’avais le droit de prendre jusqu’à 2h par jour pour le faire ça ne me convenait pas et je culpabilisais. J’ai ensuite trouvé la solution qu’il me fallait : trouvé la clé de mon bureau, tiré tout en travaillant (pas de culpabilité=pas de stress=production en très nette hausse), stocké mon lait dans des pots opaques dans le frigo commun du groupe et fait tout le nettoyage aux toilettes. Je tirais 2 fois par jour.
Je l’ai fait jusqu’aux 7 mois d’Alice où nous avons profité d’une semaine de vacances pour introduire un deuxième repas solide dans la journée. Dès lors je n’ai plus eu besoin de fournir de lait à la crèche et ai arrêté de tirer mon lait au travail (ce qui m’a quand même bien soulagée). Je me disais que si la lactation s’arrêtait ce n’était pas grave, que j’avais déjà fait 7 mois et j’en étais heureuse.
Finalement ma lactation a continué et nous avons toujours une tétée matin et soir. Parfois j’ai l’impression que j’ai moins de lait et qu’elle a toujours faim, nous complétons donc, soit par un biberon de lait maternel (il reste encore un peu de stock au congel), soit par du lait en poudre. Quand les épisodes de candidose sont trop fréquents ou douloureux il m’arrive de penser que nous allons nous sevrer prochainement mais pour l’instant Alice a 10 mois et nous profitons de chaque jour l’un après l’autre.
Ce que je retiens en vrac :
  • Il faut une motivation vraiment forte pour un allaitement réussi.
  • Mon mari a été d’un soutien inconditionnel et fondamental. Quand autour de moi tout le monde me conseillait d’arrêter car j’étais épuisée ou que j’avais très mal, il m’a toujours soutenue et encouragée. Il a toujours été le seul à comprendre qu’arrêter me ferait plus de mal psychologiquement que de bien physiquement. Je lui en serai reconnaissante pour toujours.
  • Je suis d’un caractère tempéré et n’aime pas les affirmations extrémistes ou jugement sur le choix des autres, par crainte de cela je ne me suis pas rapprochée de forum ou associations pour aider à l’allaitement et ce fut une erreur. J’ai écrit un mail une fois à la leche league et la réponse que j’ai reçue m’a beaucoup aidée et m’a fait sentir « normale ». Je pense qu’il suffit de rencontrer les bonnes personnes et que l’aide que l’on peut recevoir est vraiment bénéfique.
  • Pendant mon congé maternité tous les matins c’est mon mari qui donnait le premier biberon (vers 6h). Ca me permettait de dormir une heure de plus (sommeil de plomb sans guetter les petits bruits de bébé) puis de tirer mon lait (qui serait donné le lendemain matin) et de les retrouver tous les deux qui venaient de passer un moment privilégié ensemble. Ce mode de fonctionnement m’a été d’une grande d’aide.
  • En dehors de la candidose j’ai eu des conditions idéales d’allaitement, tout a toujours très bien marché et je connais ma chance.
  • Alice n’a jamais posé de problème pour prendre le biberon (tétine calma de medela pour les 3-4 premiers mois et le biberon du matin avec papa), ni ensuite pour les repas soit au biberon soit au sein, avec du lait maternel ou en poudre… tout passe!
  • Si c’était à refaire : je le referai 🙂

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