• allaitement et travailQuel choix avez-vous fait au moment de la reprise du travail : sevrage ou poursuite de l’allaitement ? Pourquoi ?

En fait, Else est mon 3éme enfant, avant elle Axel a été allaité 8 mois et Nils 4ans et demi… j’ai toujours travaillé en allaitant !
Je suis avocate, installée seule en libérale, donc même quand j’ai des enfants, le travail continue. Show must go on …

Else a presque un an et deux grands frères de 12 et 9 ans. Quand je me suis rendu compte que j’étais enceinte (la coquine m’a fait une belle surprise en mettant de côté mon contraceptif « sûr à 99% » …), j’avais une activité assez dense. Il a tout de suite fallu que je pense à l’organisation de mon Cabinet, et aux conséquences de sa venue, bref à mes choix de priorités.

Pour moi, il était important de continuer à avoir du temps pour les grands, d’en avoir pour m’occuper de ce nouveau bébé, sans négliger mes clients.
L’allaitement allait de soi, j’ai toujours considéré que c’était le plus simple pour moi ; avoir son bébé avec soi, contre soi, le nourrir à la demande, dormir avec lui… tout ça est assez viscéral chez moi !!! j’ai un peu lutté contre ma nature avec Axel l’aîné, et ai laissé libre court avec Nils le deuxième…

Pendant ma grossesse, j’ai commencé à réduire le nombre de nouveaux dossiers tout en continuant à m’occuper des dossiers déjà présents au Cabinet. Puis, deux mois avant la naissance de Else j’ai prévenu mes clients de mon indisponibilité « temporaire ». Pour les dossiers « chauds », j’ai préparé ce que je pouvais à l’avance (je n’ai ni collaborateur, ni secrétaire)… la veille de la naissance, j’ai lancé un mail indiquant mon absence du bureau pour une semaine…
Ma belle soeur, elle aussi avocate, m’a apporté son soutien logistique et moral.
En fait, pendant ce temps, les choses ne sont passés par mail et téléphone portable mais je n’en ai pas souffert car j’étais en forme, mon bébé aussi, j’étais pleine de joie du bel accouchement que je venais d’avoir et de cette merveille qu’était ma fille.
Je savais que j’avais devant moi 9 mois avant que Else aille à la crèche, ce que je ne pouvais pas lui donner (une maman à 100% pour elle pendant 10 semaines…), j’allais lui donner en restant 100% avec elle en toutes circonstances pendant 9 mois tout en faisant le reste…
Donc mère et fille, nous sommes devenues « collègues de bureau » quelques heures par jour.
Nous sommes allées ensemble tous les jours au Cabinet, voir le courrier, les mails, les fax… et hop une petite ballade. J’ai profité de ses siestes pour avancer les dossiers. Elle a tété pendant de nombreux coups de téléphone aux tribunaux, confrères et clients…
Au début, je pensais aller en audience seule… mais tirer mon lait ou faire un bib n’a jamais été mon fort, donc aidée du Papa, j’ai fait mes quelques audiences avec bébé. J’ai été surprise de voir l’air attendri des autres avocats, mais la plupart n’ont même pas fait le lien entre leur con-soeur et ce bébé faisant la sieste !!!

Pour les rendez-vous, j’en ai fait beaucoup par téléphone. J’ai réservé les rendez-vous au Cabinet aux personnes compréhensives, qui n’étaient pas choquées de voir une poussette dans le bureau.
Mon activité était réduite mais existante, cela m’a permis de continuer à faire fonctionner le Cabinet, tout en ayant la satisfaction d’être avec ma fille non-stop.

En 9 mois, nous ne nous sommes jamais quittées… Je reconnais que parfois ça a été dur de jongler… je me donnais l’impression d’être une équilibriste… Mais le soutien de mon mari et l’idée de parvenir à tout faire m’ont été très secourable.

L’entrée à la crèche, qui a eu lieu il y a quelques semaines, a été une épreuve, un retour assez brutal à la réalité.
Je me suis interrogée sur « pourquoi je la laisse ? », « cela a t-il un sens ? », sûrement oui…
En tout cas, les enfants restent ma priorité, je me cale sur les horaires scolaires pour travailler : 10h/16h du lundi au vendredi avec pause le mercredi… avocat à temps partiel mais avec portables à portée de mains !

Et bien sûr, je continue l’allaitement… Comme il n’y a pas eu de véritable arrêt de travail, il n’y a pas eu de vraie reprise et de choix à faire sur le sevrage.

  • Comment vous êtes-vous organisée ?

Je ne tire pas mon lait… Quand nous sommes ensemble, Else tète à la demande, quand nous ne sommes pas ensemble, elle mange autre chose…
Nous dormons ensemble la nuit, elle peut s’en donner à coeur joie ! De mon côté, je ne dors pas super bien mais les garçons m’y ont bien entraînée en se relayant pour des réveils nocturnes… je n’avais pas perdu la main !
En fait, compte tenu de mes horaires, je ne suis séparée de Else « que » 24 heures par semaine, le reste du temps, nous sommes assez collées l’une à l’autre. Mais je m’occupe aussi de mes fils avec bébé dans les bras !

  • Quelles ont été vos principales difficultés ?

De devoir, tous les jours, m’ajuster aux besoins de chacun de mes enfants… et ceux de mes clients ! Je n’ai plus beaucoup de temps pour le reste…
Mais l’allaitement est un atout pour y parvenir : pas besoin d’anticiper sur la préparation, toujours prêt, toujours chaud… au bon moment !

Je dois quand même reconnaître que les débuts ont été un peu difficiles. J’ai découvert de superbes crevasses dès le lendemain de mon accouchement. Je n’en avais jamais eu en près de 6 ans d’allaitement… Cela a été vite réglé avec l’aide des sages femmes de la maternité. Mais ça m’a un peu vexée… Le 1er mois reste difficile même au 3ème enfant !

  • Quels ont été vos meilleurs moments ?

Le retour à la maison après l’accouchement, les premières vacances à 5, le premier été dans la maison de vacances où il manque maintenant une chambre ! Tous les moments d’éveil de Else et les moments partagés avec Axel et Nils, que je n’ai pas raté…

La joie et la fierté de ma « petite » famille nombreuse, sans renoncer à rien !

  • Qu’est-ce que vous souhaiteriez dire aux mamans qui doivent faire un choix dans les semaines à venir ?

Je pense qu’il faut s’écouter et surtout essayer, si ça marche c’est bien, si ça ne marche, il ne faut pas en faire un drame.
Rester souple… la vie avec un enfant est longue, il y a pleins de manière d’être ensemble.
Parfois, il faut aussi oser aller à l’encontre de certaines conventions… avoir de l’audace !
Et surtout, ne pas hésiter à demander de l’aide et du soutien à celles qui connaissent bien l’allaitement.

  • Ce serait à refaire, vous referiez le même choix ? Que changeriez-vous ?

La vie m’a fait un très beau cadeau en m’apportant Else, alors que je pensais avoir fait le tour de la question, et que pour moi, les bébés étaient très bien chez les autres !
Je pense qu’elle sera la dernière de la fratrie… mais si un autre bout de chou décide qu’il y a encore un peu de place chez nous, je referai pareil ! Maintenant, je me connais et je sais comment je fonctionne. Même s’il faut beaucoup d’énergie et un très bon mari pour arriver à tout faire sans nounou, femme de ménage, secrétaire ou collaborateur…

L’allaitement n’est pas pour moi un obstacle ou une contrainte, mais une façon d’être ensemble, un mode de relation familial, donc si c’était à refaire…

Articles en rapport :