Encore trop souvent à mon goût, j’entends les femmes raconter que la crèche qui va très bientôt s’occuper de leur enfant leur a demandé de sevrer bébé…

Quelle justification les crèches apportent-elles à cette demande ? Souvent aucune, soyons clairs. Il s’agit principalement de la peur de se tromper dans la manipulation du lait (n’oublions pas que la France est encore traumatisée par l’histoire du sang contaminé) et de donner à un autre bébé le lait maternel qui est destiné à votre fiston. Pourtant, chaque maman apporte la plupart du temps un lait différent de celui qui nourrit le petit copain. Les boites de lait sont soigneusement étiquetées, tout comme vous allez étiqueter votre biberon de lait maternel.

La crèche peut également refuser pour des raisons d’hygiène : peur de contaminer votre bébé avec un produit dont le personnel ignore souvent tout des conditions de recueil et de conservation.

Plus difficile à vivre pour les mamans, le discours culpabilisant : » il faut le sevrer, Madame, car il est trop attaché à vous ». Là derrière se cachent toutes les craintes au sujet de la mère fusionnelle, ainsi que la méconnaissance des rythmes et des besoins des bébés allaités. Très concrètement la personne qui va s’occuper de l’enfant peut avoir peur de ne pas réussir à calmer ce bébé qui à l’habitude de la chaleur des bras de sa maman.

Parfois la crèche demande aux mamans de « substituer le lait maternel à un autre aliment (solide ou liquide) afin que conformément aux règles HACCP , plus aucun aliment non traçable ne soit introduit à la crèche. » Alors là , dur dur, vous avez une crèche qui assimile le lait maternel aux fluides corporels et qui, par peur de la contamination pour son personnel, applique une règle strictement, sans réfléchir.

Comme vous voyez, les raisons de cette demande de sevrage peuvent-être multiples. Il s’agit donc d’en parler, d’en parler et d’en parler… avant de commencer l’adaptation. Ce sera plus facile pour vous d’en discuter de manière détendue et si vous êtes détendue, ce sera plus facile pour le personnel de la crèche de vous entendre, parce qu’ils n’auront pas le sentiment d’être dans la confrontation.

sevrage crècheDès lors que dire ?

Vous pouvez tout d’abord écouter et essayer de comprendre quelles sont les peurs derrière les raisons invoquées. N’oubliez pas que le personnel de la crèche fait partie des professionnels de la petite enfance, et à ce titre, est très soucieux du bien-être de votre bébé. Entendez et faites savoir que vous entendez ce souci.

Ensuite, vous pouvez donner de l’information et suggérer d’en discuter ensemble. De plus en plus de brochures sont publiées sur le sujet :

  • La mairie de Paris accueille depuis 2002 les bébés allaités dans les crèches collectives et familiales : « L’entrée à la crèche n’est pas synonyme de sevrage. L’allaitement maternel est d’un nourrisson en crèche est possible et même souhaitable ». La brochure « Allaitement maternel à la crèche » conseille les parents sur la manière de s’y prendre.
  • Le Conseil Général des Alpes Maritimes a publié une brochure intitulée « Allaiter et confier son enfant à des tiers ».
  • La ville de Pau, en collaboration avec la Caisse Primaire d’Assurance Maladie, a publié une brochure intitulée « le bébé allaité et les modes d’accueil ».
  • Juliette Le Roy, médecin, a publié un article dans la revue Spirale, intitulé « Allaiter à la crèche ou l’accueil des mamans et de leur bébé allaité ». Il décrit le projet de la crèche familiale « les p’tits malins » autour de l’accueil des bébés allaités.
  • Le Département de la Seine Saint Denis, dans son règlement intérieur des établissements départementaux d’accueil du jeune enfant, stipule à l’article 5 sur l’alimentation : « la poursuite de l’allaitement maternel, soit au sein, soit par du lait tiré, est possible dans les établissements départementaux, dès lors que la mère le souhaite. (merci Elisabeth ;-))

Et chez vous, comment cela se passe-t-il ?