• Quel choix avez-vous fait au moment de lareprise du travail : sevrage ou poursuite de l’allaitement ? Pourquoi ?

Lorsque j’avais repris le travail pour ma première fille en 2008, elle avait 3 mois 1/2 et je n’arrivais pas à me résoudre à la sevrer ou même à passer à l’allaitement mixte avant les 6 mois recommandés. J’ai donc tiré mon lait jusqu’à ses 9 mois puis continué de l’allaiter sans tirer jusqu’à ses 18 mois. Ca a été une chouette expérience, même si c’était contraignant d’un point de vue logistique et parfois stressant car j’avais du mal à tirer suffisamment pour couvrir ses besoins toujours plus importants en lait.

Pour la naissance de ma seconde fille Violette, j’ai quitté mon boulot pour reprendre des études. J’ai été en congé de sa naissance à ses 7 mois, période de la rentrée scolaire.

Pour moi, les conditions étaient idéales pour poursuivre un allaitement à la reprise des cours : un rythme moins soutenu pour moi, des journées de garde plus courtes pour Violette donc moins de repas à fournir, la diversification déjà bien amorcée…

  • Comment vous êtes-vous organisée ?

J’ai tiré mon lait très à l’avance et je l’ai congelé, pour compenser d’éventuelles baisses de tirage et me sentir plus zen. J’avais déjà tout le matériel nécessaire de mon premier allaitement : tire-lait double pompage Ameda, bustier mains libres, de quoi transporter, conserver et faire donner mon lait…

Comme mon lieu de formation est à 5 minutes de chez moi, je rentre déjeuner à la maison donc je pensais tirer mon lait à ce moment là , étant donné que sur place il n’y a pas vraiment d’endroit où s’isoler à part des toilettes pas très confortables.

  • Quelles ont été vos principales difficultés ?

Pendant mon congé, j’ai tenté plusieurs fois de laisser Violette en garde avec une tasse ou un biberon de mon lait tiré, comme je l’avais fait pour sa soeur. Surprise… elle n’en voulait pas ! Au début j’étais confiante, je me disais qu’on avait le temps de l’habituer, que ma reprise était loin… les mois passaient et l’échéance de la rentrée approchait, elle ne buvait toujours rien en mon absence.

Je l’ai laissée à son père, à ma mère, à une baby sitter, rien à faire… On a essayé d’autres contenants : à la pipette, au verre, avec différentes marques de tasse à bec et même des biberons (à ce stade, je n’étais plus tellement préoccupée par la confusion sein-tétine !!!). J’ai aussi essayé vers 5-6 mois de lui donner du lait sous forme solide, des bouillies à base de céréales infantiles, ou mon lait gélifié avec de l’agar-agar, sans succès également. Parfois elle prenait son mal en patience, parfois elle hurlait de rage jusqu’à ce que je rentre…

J’ai reçu beaucoup de conseils contradictoires, du  » il faut absolument lui donner tous les jours le biberon jusqu’à ce qu’elle l’accepte  » au  » ne t’en occupe pas, c’est le problème de la nounou, quand tu seras vraiment partie pour la journée ça se passera très bien « . Quelqu’un m’a même suggéré de la laisser tout un week-end, alors qu’elle n’était pas encore diversifiée, argumentant que si elle était vraiment affamée, elle finirait par boire ce qu’on lui proposait, j’étais juste horrifiée !!!

A quelques semaines de la reprise, j’ai essayé de lui donner un biberon de mon lait tiré à l’heure où elle l’aurait chez la nounou, à la place de la tétée, rien à faire. Violette attendait juste patiemment la tétée suivante. Finalement je me suis dit que comme elle commençait à être diversifiée, on s’en sortirait avec des purées, compotes et laitages.

L’adaptation chez la nounou a été catastrophique. Non seulement elle ne voulait toujours pas boire de lait au biberon, ou quelque soit le contenant, mais elle refusait aussi toute nourriture solide, qu’elle mangeait pourtant bien à la maison. Elle pleurait tout le temps, semblait ne pas vouloir que sa nounou s’occupe d’elle. Les jours passaient, la reprise approchait, et ça ne se passait toujours pas bien. La nounou a fini par penser que notre fille l’avait prise en grippe.

Au niveau prise alimentaire, on ne s’est pas trop inquiété au début car elle restait chez la nounou quelques heures seulement. Mais au fur et à mesure que les plages de garde s’allongeaient, l’assistante maternelle s’est inquiétée du fait qu’elle ne s’alimente pas, et qu’elle ne boive pas du tout, ni lait ni eau. Apparemment la PMI ici conseille aux assistantes maternelles de refuser de garder les bébés ne s’alimentant pas en garde, à cause des risques de déshydratation. Cela me paraissait un peu excessif vu la durée de la garde (7 heures maximum) et la saison, mais bon…

Après 3 semaines d’adaptation et trois jour avant ma reprise, l’assistante maternelle nous a informé que si les choses ne s’arrangeaient pas rapidement elle ne garderait plus Violette. Panique à la maison, sachant que nos deux filles étaient chez cette nounou, et que le mois d’octobre n’est pas le plus propice pour trouver au pied levé une assistante maternelle disposant de 2 places vacantes. Au fond de moi, j’étais persuadée que ce n’était pas un problème de personne mais d’acceptation de ma reprise pour Violette. Donc ça m’inquiétait de lui imposer un changement de nounou, j’étais persuadée que ça ne pouvait qu’être pire.

Toute la période d’incertitude a été très difficile : changer de nounou ou pas ? Remettre en cause mon projet de formation ou pas ? Sachant que je ne pouvais pas repousser, juste abandonner mon projet…

Nous nous sommes quand même mis à la recherche d’une nouvelle nounou, et en parallèle nous avons sollicité ma mère pour qu’elle vienne garder nos filles par 1/2 journées, de manière à ce que notre nounou n’ait pas à supporter de trop longues plages avec un bébé hurlant, parce qu’effectivement je comprends que cela ait été très éprouvant pour elle. Avec ma mère, ça se passait mieux et Violette prenait des repas solides. Tant bien que mal, cette organisation a tenu un peu plus de 3 semaines… Et du jour au lendemain, ça s’est arrangé chez la nounou. Elle a cessé de pleurer, s’est mise à manger ses purées et compotes, et nous avons conservé la même nounou. Aujourd’hui tout se passe vraiment bien chez elle.

  • Quels ont été vos meilleurs moments ?

Une fois le stress de l’adaptation passé, j’ai vraiment apprécié le fait de poursuivre mon allaitement sans aucune contrainte : je suis là , ma fille tète, je ne suis pas là , elle mange autre chose. Je n’ai pas à tirer mon lait, donc pas de matériel à laver, pas de biberons à préparer, pas de stress sur les quantités, je n’ai pas non plus besoin d’acheter du lait 2ème âge ou de croissance… Aujourd’hui ma fille a 14 mois, elle tète toujours matin, goûter (je la récupère vers 16h30) et soir les jours de semaine, et parfois un peu plus le week-end ou pendant les vacances.

  • Qu’est-ce que vous souhaiteriez dire aux mamans qui doivent faire un choix dans les semaines à venir ?

Je pense qu’il faut choisir la solution que l’on « sent » le plus, et se faire confiance… Continuer à allaiter après la reprise du travail, il faut le faire par envie et non par contrainte, sinon ce n’est pas vivable. Mais l’envie fait déplacer des montagnes ! Pour ma fille aînée, on m’a beaucoup dit que j’étais folle, et que j’allais m’épuiser ou baisser les bras très vite devant la difficulté, ça n’a pas été le cas. Et cette expérience positive m’a beaucoup aidée lorsque j’étais en difficulté avec ma seconde fille.

  • Ce serait à refaire, vous referiez le même choix ? Que changeriez-vous ?

Je ne sais pas si pour un 3ème bébé j’aurais le courage de reprendre le travail en allaitant un bébé de moins de 6 mois, et donc beaucoup de biberons de lait à fournir, et avec la crainte que comme Violette il refuse le lait en garde… Mais on verra en temps voulu…

Pour Violette, je ne pense pas qu’il était possible de faire quoi que ce soit différemment. Elle ne nous a pas laissé beaucoup de choix.

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