Quel choix avez-vous fait au moment de la reprise du travail : sevrage ou poursuite de l’allaitement ? Pourquoi ?

Avant même d’être enceinte, une chose était évidente pour moi, j’allaiterais mon enfant pendant très longtemps, mais je voulais également être une maman active en poursuivant mon travail de puéricultrice en service de néonatalogie. La question de la poursuite de l’allaitement ne se posait pas pour moi, j’allais continuer en travaillant. Je n’vais pas envie que ma fille boive du lait artificiel alors que j’étais capable de produire du bon lait, fabriqué juste pour elle et parfaitement adapté à ses besoins.

Par contre, je m’étais organisée pour reprendre aux 7 mois d’Elia afin qu’elle soit diversifiée et que je n’ai pas de trop grosses quantités de lait à fournir. C’était sans imaginer qu’elle allait refuser d’être diversifiée à 6 mois et que l’allaitement exclusif s’est poursuivi jusqu’à presque 9 mois. J’ai aussi choisi de reprendre mon activité à 80%.

Comment vous êtes-vous organisée ?

J’ai beaucoup angoissé par avance, dès ses deux mois, j’essayais d’imaginer comment j’allais m’organiser. Elle tétait énormément et je paniquais d’avance à l’idée de ne pas pouvoir lui fournir les quantités nécessaires. Mais en même temps, je refusais de me laisser envahir par ces angoisses et je ne voulais pas préparer ma reprise trop en avance. Je voulais profiter de ces 7 mois auprès d’elle à 100% et ne pas m’encombrer de tire-lait ou biberons ou autre tant que ce n’était pas une nécessité.

J’étais fermement décidée à ne pas lui donner autre chose que le sein avant la reprise. En mon absence, elle n’aurait pas d’autre choix que de boire autrement alors elle l’apprendrait en temps voulu. J’ai quand même essayé 2 ou 3 fois pour m’assurer qu’elle avait compris le système de la tasse à bec, une fois que je l’ai vu téter sur le bec, ça m’a suffit, elle était capable de le faire, alors elle n’avait pas besoin de faire plus tant que je n’avais pas repris.

Deux semaines avant la reprise, j’ai tiré mon lait une fois par jour avec un double pompe électrique pour faire quelques stocks et apprivoiser mon tire-lait. Manque de bol, une pièce était défectueuse donc cela n’a pas été très productif, et c’était même plutôt anxiogène. Une fois la pièce de remplacement reçue, j’ai tiré deux fois par jour la semaine restante.

Je fais des horaires décalés c’est-à -dire que je travaille parfois de 6h à 13h30 et parfois de 13h à 20h30. Au début, je tirais une fois au travail et une fois à la maison, cela me faisait entre 400 et 500ml par jour. Mais finalement, ma fille n’a jamais voulu boire beaucoup en mon absence, elle préférait boire juste de quoi patienter (entre 40 et 150ml selon ses humeurs) et puis faire plein de tétées à la source le reste de la journée. Du coup, je remplissais mon congélateur à une vitesse folle et le lactarium ne voulait pas prendre mon lait. J’ai donc rapidement réduit à un seul tirage pendant mon service. J’avais divers locaux utilisables et ma chef m’avait autorisé à tirer « si la charge de travail le permet » avait-t-elle précisé. Mais mes collègues étant compréhensives, je n’ai jamais eu de problème pour prendre ma « pause tire-lait ». Même en tirant une seule fois, j’avais le double de ce que ma fille buvait en mon absence.

Concrètement, quand je travaille le matin elle tète plusieurs fois la nuit avec une dernière tétée entre 4 et 5h, prend mon lait à la tasse à bec 1 fois sur son temps de garde (en moyenne environ 80ml), puis tète à nos retrouvailles 14h30, fait une sieste, tète à son réveil vers 16-17h puis tète avant d’aller se coucher. Quand je travaille en après-midi, elle tète la nuit, le matin vers 9h, une autre fois vers 12h avant que je la dépose, prend un petit peu de lait chez nounou, elle prend rarement un peu de lait avec son papa avant d’être couchée puis se réveille dés que je rentre pour rattraper !

Quelles ont été vos principales difficultés ?

L’angoisse de l’inconnu était le plus dur, ne pas savoir comment ça allait se passer alors que la poursuite de l’allaitement était si importante pour moi. Mes collègues et amis me charrient souvent en me disant que vu comme j’étais déterminée à allaiter, Elia savait très bien qu’elle avait intérêt à m’aider. D’ailleurs, elle a tout compris, elle tète plein de fois la nuit (à mon grand désespoir) pour relancer ma lactation quand j’ai travaillé plusieurs jours d’affilé !

Je me suis cependant trouvé assez peu soutenue, beaucoup de gens ne comprennent pas trop la poursuite de l’allaitement au delà de 6 mois, encore moins en travaillant. Heureusement, je participe à des forums sur Internet où j’ai pu trouver des infos essentielles, et j’ai ainsi rencontré d’autres mamans allaitantes et travailleuses avec qui on se soutient mutuellement.

Quels ont été vos meilleurs moments ?

Les tétées de retrouvailles. Les premiers jours, il m’est arrivé de m’arrêter en route entre la maison de la nounou et chez nous pour allaiter Elia, parce qu’elle était trop pressée et moi aussi… pourtant on n’avait que 10min de trajets ! Avec le temps, elle a appris à attendre notre retour. Et plus tard, la tétée durait longtemps, et elle refusait d’aller à la sieste et réclamait à téter toute l’après-midi si j’avais travaillé le matin. Maintenant, quand je travaille le matin, en rentrant on s’allonge dans mon lit, elle tète longuement et on finit par s’endormir toutes les 2, bien collées l’une contre l’autre. Ces moments, collées l’une à l’autre sont juste inoubliables.

J’ai été enfin tranquille en réalisant que j’allais pouvoir poursuivre mon allaitement sans problème, que ma lactation suivait malgré les tétées et tirages très irréguliers et que ma fille n’était pas prête à laisser tomber le sein.

Qu’est-ce que vous souhaiteriez dire aux mamans qui doivent faire un choix dans les semaines à venir ?

L’aventure de l’allaitement est quelque chose d’incroyable, avant d’allaiter je m’en doutais, maintenant que je l’ai vécu j’en suis d’autant plus convaincue. On entend souvent que le retour de l’allaitement est une régression, que ce n’est pas compatible avec une vie de femme active. Or, c’est pourtant le cas. Il existe aujourd’hui des moyens de poursuivre son allaitement tout en étant une femme active. Il faut cependant connaître les bons moyens en s’informant un maximum avant. La poursuite de l’allaitement permet aussi que la séparation se fasse plus en douceur d’après moi.

Mais finalement, ce qui est le plus important, et c’est ce que je dis chaque jour dans mon travail, le plus important c’est de pourvoir faire ce qu’on a envie de faire. C’est un sujet trop important pour que les patrons ou les collègues fassent ce choix à notre place.

Ce serait à refaire, vous referiez le même choix ? Que changeriez-vous ?

Oui, oui et re-oui ! Je recommencerais sans hésitation. La seule chose que je changerais, c’est que je ne m’angoisserais pas pendant des mois avant, je profiterais vraiment à 100% du temps avec mon bébé, je regrette d’avoir passé tant de temps à me demander comment j’allais y arriver alors que j’aurai pu me préoccuper d’autres choses pendant ce temps. Finalement, c’est si simple !

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