lait prédigéréC’est ce que me disent de nombreuses femmes en craignant que le lait qu’elles ont laborieusement tiré au travail ait tourné et ne soit plus bon pour leur bébé.
Certaines décrivent un goût de rance, de lait caillé, de savon, … Parfois le lait prend un aspect mousseux. Dans tous les cas, il sent très fort et le goût est très mauvais.

Et pourtant, ce lait est bon à la consommation ! Si votre bébé le boit sans faire la grimace, vous pouvez continuer à lui donner sans aucun problème.
Mais certains bébés (souvent plus âgés) refusent ce lait. Voyons ensemble que faire dans ce cas de figure.

En fait, 3 raisons peuvent conduire au mauvais goût du lait.

1- La première est due aux modifications des matières grasses du lait lors de l’entreposage dans les congélateurs à dégivrage automatique. Cette cause semble assez peu fréquente.

2- La cause qui semble la plus fréquente est l’action des lipases du lait maternel. Leur rôle est de digérer les graisses du lait. On trouve bien sûr des lipases dans l’intestin du bébé mais également dans le lait maternel, ce qui permet d’aider le système digestif du bébé, encore immature.

L’action des lipases commence dès que le lait est tiré. Or il semble que certaines femmes produisent plus de lipases dans leur lait que d’autres. Et c’est la transformation du gras du lait, digéré par ces lipases qui donne un goût savonneux ou rance au lait. Il s’agit de lait prédigéré

Certaines femmes constatent l’apparition de ce mauvais goût très rapidement après le tirage alors que pour d’autres, le mauvais goût apparaît de nombreuses heures après le tirage ou bien lors de la congélation.

Pour éviter l’apparition de ce goût, il faut bloquer l’action des lipase. Pour cela, il suffit de chauffer le lait à 60° avant qu’il ne prenne ce goût. 60° correspond au moment où le lait fait des bulles sur le bord de la casserole. Une fois à cette température, on arrête de le chauffer pour éviter de le faire bouillir, ce qui détruirait les éléments vivants du lait maternel. Puis on le refroidit rapidement avant de le mettre au réfrigérateur ou au congélateur.

Si vous faites partie des femmes qui peuvent attendre plusieurs heures avant que le mauvais goût se manifeste, il suffit que vous fassiez chauffer votre lait à votre retour du travail. Certaines mères utilisent un thermoplongeur en vérifiant la température à l’aide d’un thermomètre de cuisson.
Par contre, si vous devez le faire chauffer rapidement, vous devrez le faire au travail. Il existe certains chauffe-biberon qui permettent de chauffer à 60°. Une mère m’a indiqué que la marque Philips Avent fait un chauffe-biberon qui chauffe au choix à 30-60-90 °C. Si vous connaissez d’autres marques, merci de les partager en commentaire ! Sinon, il est possible de choisir un chauffe-biberon très bas de gamme qui n’a pas de thermostat et de surveiller le lait.

Une mère m’a proposé la technique suivante : « Eurêka ! Technique du bain-marie-bouilloire ! Mettre de l’eau à mi-bouilloire et prendre un grand bib (360). Contrôler la température du lait avec un thermomètre. Ça prend 3 min. Attention à ne pas se brûler avec l’eau (ne pas mettre trop d eau). Et mettre une serviette sous la bouilloire (ça éclabousse). Il faut attendre au moins 1 min quand l eau bout à gros bouillon pour atteindre les 60°. »

3- La dernière cause semble être l’oxydation des acides gras polyinsaturés du lait maternel. Comme on ne dispose pas de recherches sur ce sujet sur le lait humain, on ne peut que se référer aux recherches faites sur le lait bovin. Celles-ci laissent à penser que l’alimentation de la mère peut accélérer ce processus. En effet la composition en graisses du lait maternel est en grande partie liée à la composition en graisses de l’alimentation de la mère. Si celle-ci consomme beaucoup d’acides gras polyinsaturés, l’oxydation pourrait être plus importante. Si l’alimentation de la mère est riche en fer libre ou en ion cuivre, cette oxydation peut être accélérée. Enfin, la consommation de graisses rances (comme les anchois par exemple) peut aussi conduire à ce résultat.

Les mères pour lesquelles le lait ne prend pas toujours une odeur rance mais seulement certains jours semblent plutôt concernées par ce cas de figure. Dans ce cas, chauffer le lait n’est pas efficace et il suffit que la mère change son alimentation pour que le problème disparaisse.

Et vous, comment avez-vous fait ?

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