• Quel choix avez-vous fait au moment de la reprise du travail : sevrage ou poursuite de l’allaitement ? Pourquoi ?

Marie-CécileJe n’ai jamais imaginé allaiter, cela me semblait impudique et douloureux. Puis, enceinte je me suis renseignée (la bible du lait du Dr Marie Thirion), et là , c’est apparu comme une évidence : mon petit bébé allait avoir besoin d’un lait adapté à un humain et non à un petit bovin !
Et Lucie, à peine sur mon ventre, la première tétée a scellé entre nous un lien d’une puissance qui m’a retournée. Je me suis transformée en louve, heureuse d’allaiter, mettant à la poubelle fièrement le petit biberon de lait « chimique » que cette si « attentionnée » puéricultrice m’avait mis dans le sac de la mater.
Il y a eu du lait qui déborde, des seins vides, des hauts ,des bas mais globalement avec ma bonne tetouilleuse de fille on a surmonté les petites difficultés.
Quelle fierté de voir ses petits bourrelets dus au bon lait de Maman !
A 15 jours de la reprise, ajouter à la détresse de la séparation, le sevrage , c’était impossible pour moi. J’ai donc décidé de prolonger ce lien, cet amour liquide entre nous. Au moment de la reprise je l’avais laissé une heure chez la nounou où elle avait accepté un biberon du lait que j’avais tiré. J’avais un peu de réserve au congélateur (le trop plein). Malgré les difficultés que laissait entrevoir ma bible du lait j’y suis allée motivée. J’étais chirurgien viscéral en fin de formation (chef de clinique).

  • Comment vous êtes-vous organisée ?

J’ai repris au trois mois de ma fille. Je donnais le sein aussi souvent que possible quand nous étions ensemble ( la nuit aussi) pour stimuler au maximum.
La journée commençait tôt, je tirais mon lait vers 8h30 après une heure et demi de travail, puis aussi souvent qu’elle tétait et que je pouvais me le permettre. Heureusement j’avais un bureau que je partageais avec une collègue proche et on s’arrangeait. Et j’avais récupéré un petit frigo. Je tirais mon lait pour le lendemain en frais pour la nounou et je le congelais les week ends où je ne travaillais pas.
Pour les gardes de nuit je congelais le lait dans le congélateur du service. Je le transportais dans un petite glacière avec des blocs de glace. Je tirais environ un litre par 24 h, plus ou moins en fonction de ma fatigue et/ou moral. La nounou étais formidable et a toujours bien accepté de donner mon lait. Je lui avais imprimé les règles de conservation du lait maternel du site de la LLL pour éviter qu’il y ait trop de gâchis.
J’avais loué à la pharmacie un tire lait électrique que j’avais bidouillé en double pompage avec une tubulure en y. Comme j’ai allaité longtemps (22 mois) et que la sécurité sociale ne rembourse que partiellement et pas plus d’un an, je pense que j’ai payé trois fois le prix de ce gros tire-lait lourd et pas pratique.

  • Quelles ont été vos principales difficultés ?

Les quolibets de mes collègues hommes. Les petites phrases assassines du genre « tu n’y arriveras jamais, tu vas être trop fatiguée » qui m’ont rendues encore plus déterminée. Les regards réprobateurs quand je partais 5 min avant la fin du staff pour tirer mon lait, sachant que les pauses cigarettes de mes collègues fumeurs, elles, n’étaient pas soumises à caution !

Les difficultés de quantité avec des baisses de régime et l’angoisse de ne pas avoir assez pour mon bébé. Tout y est passé : galactogyl, tisane d’allaitement , fenurec, levure de bière, dompéridone.

Les interventions longues (7/8h sans tirer mon lait) avec un engorgement physiologique mais très douloureux.

Le jour où j’ai oublié mon tire-lait et je dis « le » car, vu la douleur, c’est arrivé qu’une seule fois.

Les lymphangites dues à une malposition du tire-lait pendant que je tapais à l’ordinateur.

  • Quels ont été vos meilleurs moments ?

Le fierté de l’avoir allaitée quasiment 8 mois sans autre lait que le mien (elle a longtemps refusé les purées).

Tous ses petits bourrelets : « c’est moi qui l’ai fait ».

Et d’avoir tenu jusqu’à ses 22 mois malgré les « tu l’allaites encore ? pourquoi ? : elle refuse le biberon ? tu vas l’allaiter jusqu’à ses 18 ans ?»

La liberté d’allaiter partout et d’avoir tout à dispo sur soi et à bonne température ( à la plage en avion, en ballade, à un café, au resto ,dans l’église le jour de son baptême, le bain, dans mon lit)

Le soutien indéfectible de mon mari , quelques soient les circonstances, l’heure de la nuit, mon humeur ou mes doutes, il a toujours été là .

  • Qu’est-ce que vous souhaiteriez dire aux mamans qui doivent faire un choix dans les semaines à venir ?

Que si on a envie, c’est possible.

Qu’avec un peu d’aide (un local et frigo) une nounou compréhensive on y arrive au jour le jour. Pas besoin de se donner de date butoir, laisser passer les semaines de tétouille, quand on se retourne et que l’on voit la route parcourue on est étonné. Je n’aurais jamais imaginé allaiter aussi longtemps.

Et rien que pour le plaisir de l’avoir au sein, pour le lien ça vaut le coup de se battre un peu

  • Ce serait à refaire, vous referiez le même choix ? Que changeriez-vous ?

Oui définitivement oui.

Faire des réserves si on peut, pour éviter les coups de stress ou de trop peu.

Acheter un bon tire-lait double pompage pratique et léger.

Acheter une brassière de pompage pour pouvoir faire autre chose en même temps sans risquer la lymphangite.

Et prendre un peu plus de congés si c’est possible trois mois c’est trop tôt pour reprendre.

Pour info, j’ai trois filles allaitées 22 mois, 25 mois et la dernière de 19 mois encore allaitée pour le temps qu’elle voudra.

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