allaitement et travailQuel choix avez-vous fait au moment de la reprise du travail : sevrage ou poursuite de l’allaitement ? Pourquoi ?

J’ai repris le travail lorsque ma fille avait 3 mois et demi.
Il n’était pas question pour moi de la sevrer volontairement. Je n’en voyais pas l’intérêt. J’avais choisi d’allaiter pour lui donner ce qu’il y a de mieux, pourquoi aurais-je arrêté sous prétexte que je n’étais plus tout le temps à la maison ? De plus, j’ai souffert d’un réflexe d’éjection fort en début d’allaitement (surtout parce qu’il n’a pas été diagnostiqué tout le monde vous dit que vous manquez de lait alors que c’est l’inverse), j’avais enfin trouvé mes marques pour gérer ça, je vivais mon allaitement avec bonheur après quelques galères au début, ce n’était pour tout arrêter à ce moment !

Comment vous êtes-vous organisée ?

J’étais déjà une habituée du tire-lait car j’ai géré mon REF par le drainage intégral. Vers 4 heures du matin, je pompais mon lait pour vider mes seins et je congelais le tout pour que le papa puisse donner mon lait en mon absence pendant mes cours de japonais. Je n’ai jamais fait de « réserves », je n’en vois d’ailleurs toujours pas l’intérêt. Si on allaite longtemps, de toute façon la réserve s’amenuisera et puis mes « réserves » étaient bues chaque semaine. J’ai préféré profiter de mon congé maternité sans m’embêter avec ça. D’autant que nombre de mamans qui font des réserves finissent angoissées parce qu’elles ne tirent « rien ». Forcément quand l’enfant est allaité à la demande les seins sont vidés régulièrement, alors qu’au travail, tant que la production de lait est continue, on est plutôt contente de vider tout ça.

Je tirais mon lait aux toilettes, j’avais mon petit attirail pour faire ça proprement, je conservais mon lait au frigo du service, y compris le matériel de pompage entre deux utilisations. Au début je lavais voire stérilisais à chaque fois et au final, je le faisais le soir avant de rentrer chez moi. Je stockais mon matériel dans le frigo au boulot entre deux utilisations.

Je profitais de mes séances de pompages pour faire quelque chose que je ne pouvais pas faire autrement : LIRE ! J’ai découvert Filliozat, Gordon et Montessori dans les toilettes de mon boulot avec une téterelle sur chaque sein 🙂 .

Je n’ai jamais demandé de temps spécial pour allaiter. Je prenais 15 minutes le matin et l’après midi (+ 15 minutes entre midi) en tant que pause et personne n’a jamais rien dit. Si on m’avait critiquée j’aurais sûrement répondu que ça valait bien les « pauses clopes » des collègues fumeurs que l’on tolère sans sourciller.

J’avais briefé la nounou (30 ans de métier, première fois qu’elle donnait du lait maternel à un bébé gardé!) en lui imprimant la page de LLL sur le sujet. J’ai tout de même eu recours à du lait artificiel en complément et jusqu’aux 10 mois de ma fille qui n’a rien voulu boire d’autre que du lait jusqu’à cet âge. Ce fut difficile de trouver un lait bio et sans taurine ou maltodextrose excessive mais j’ai fini par trouver et j’assume totalement mon choix. Je devais combler 12 heures d’absence par jour, je tirais autant que possible mais ça ne suffisait pas toujours. J’ai essayé de tirer le soir mais ça ne donnait rien et j’étais épuisée par mes journées donc j’ai laissé tomber. Quand ma fille a commencé à moins boire de lait j’ai pu stopper le lait artificiel. Ça c’est très bien passé car ce n’était qu’une roue de secours et la priorité était donnée à mon lait. Les jours où je n’avais pas pu tirer (genre : j’oubliais un morceau du tire-lait), elle ne buvait que du lait artificiel (je disais à la nounou : «bon, demain, c’est McDO! »).

A la maison j’allaitais à la demande, de jour comme de nuit.

Quelles ont été vos principales difficultés ?

Les périodes de vacances. J’avais parfois l’impression que ma lactation ne suivait plus les besoins de ma fille quand nous étions ensemble le temps qu’elle stimule à nouveau tout ça. J’avoue que j’ai diversifié ma fille à 6 mois pile (heureusement ça c’est très bien passé) pour me délester un peu. Mais je me suis accrochée et je ne le regrette pas. Et passé 6 mois, l’allaitement n’a été que bonheur.

Je me rappellerai aussi de cet entretien que j’ai eu avec la médecine du travail juste après ma reprise et cette doctoresse (fort sympathique par ailleurs) qui s’acharnait à me convaincre qu’il me fallait supprimer la tétée de nuit (la SEULE oui ! À 3 mois ! Combien de mamans ont des bébés de 3 mois qui se réveillent 1 SEULE fois par nuit ??) sous prétexte que ça me fatiguerait alors même que je m’acharnais à lui répondre que j’adorais cette tétée si calme, si douce, si importante pour moi qui ne voyait pas ma fille de la journée.

Quels ont été vos meilleurs moments ?

Je me rappellerai toute ma vie de ces moments où, de retour de chez la nounou je m’asseyais sur le canapé et ma fille éjectait sa tétine d’un geste large pour se jeter sur mon sein. La tétée de retrouvailles c’était la meilleure façon de me reconnecter avec ma fille après avoir été séparée toute la journée. Au jour où j’écris ma fille a 28 mois et cette tétée est toujours aussi importante pour elle comme pour moi.

On parle des bienfaits de l’allaitement en matière de santé mais on parle trop peu de l’aspect relationnel et de l’effet bénéfique qu’il a sur l’apaisement des émotions de l’enfant. Pour moi, ce bénéfice justifie à lui seul un allaitement plein (et pas « long »).

Qu’est-ce que vous souhaiteriez dire aux mamans qui doivent faire un choix dans les semaines à venir ?

Ne paniquez pas d’avance !! genre : « Je tire pas assez ! », « Et si ça ne fonctionne pas ? », etc. Si ça ne fonctionne pas (ce dont je doute) au moins vous aurez tout essayé. Mais pourquoi s’avouer vaincue avant d’avoir commencé ?

Faites vous confiance, et faites confiance à votre enfant. C’est l’essentiel dans sa vie de mère.

Trouvez des soutiens : ami(e)s, associations, famille. Des personnes qui comprennent votre démarche et qui vous soutiendront dans les coups de mous. La solitude est pour moi le pire ennemi de la maman.

Ce serait à refaire, vous referiez le même choix ? Que changeriez-vous ?

Mais je referai la même choix ! Pour bébé 2 qui est dans mon ventre en ce moment.

Si je devais changer quelque chose ? En tombant sur un médecin qui essaye de me convaincre d’arrêter je ne dirais plus : « Oui, oui », en pensant « Non, non ».
Cette fois, je répondrai : « Madame/monsieur, avec tout le respect que je vous dois, je ressens beaucoup de colère en entendant ce que vous me dites. En tant que médecin, votre vocation est de valoriser ce qui bénéficie à la santé des gens alors je comprends mal pourquoi vous vous acharnez à me faire arrêter la chose la plus saine que je puisse donner à mon enfant. Alors même que moi, je vous dis que je le vis très bien. Comment pouvez vous tenir un tel discours à une maman qui vient de reprendre le travail, en sachant à quel point c’est déjà en soi une étape difficile à vivre ? Si j’avais écouté les discours comme le vôtre pour mon premier enfant, je serais passée à côté d’un des plus grands bonheurs de ma vie. Moi, je ne vous entends pas, et je ressortirai de votre cabinet tout aussi convaincue du bien fondé de ma démarche. Mais qu’en est-il d’autres mamans qui sont plus fragiles, moins bien informées ou entourées ? Combien de mamans vont passer à côté de ce bonheur en écoutant des discours comme le vôtre, alors même qu’elles ne le souhaitent pas ? Madame/Monsieur, j’ai vu trop de regret et de douleur masquée dans les yeux de mamans et de collègues qui, en écoutant mon vécu ont compris qu’elles auraient pu… Vous ne vous en rendez peut-être pas compte mais en parlant ainsi vous faites du mal. Alors peut-être que vos enfants n’ont pas été allaités, et c’est votre droit, peut-être n’êtes vous pas très informé(e) sur le sujet, mais dans ce cas, si vos paroles ne sont que découragement et culpabilisation, rendez service aux mamans allaitantes : ne dites rien. ».

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