allaiter et travaillerQuel choix avez-vous fait au moment de la reprise du travail : sevrage ou poursuite de l’allaitement ? Pourquoi ?

J’ai repris le travail à 80 % lorsque mon bébé avait 4 mois : je n’ai pas hésité une seconde à demander un arrêt de travail d’un mois après la fin de mon congé maternité auprès de mon médecin. La raison ? C’était pour moi inconcevable de laisser mon bébé aussi petit (allaitement ou pas). Pourtant je laissais mon bébé à une personne de confiance : son papa ! Mon compagnon a pris un congé parental de 5 mois pour s’occuper de notre enfant.

Si on veut une vrai politique d’allaitement en France, il faut commencer par l’allongement du congé mater !

Continuer d’allaiter me permettait d’être présente malgré tout.

Quand mon compagnon a repris le travail, je me suis mise à 60 % et c’est un vrai bonheur de partager tout ce temps avec mon enfant. Finalement le congé parental de mon compagnon a été une expérience incroyable pour nous tous : je recommande (si on peut).

Depuis la naissance de Baby, je me suis toujours fixée de petits objectifs pour mon allaitement : d’abord 3 semaines pour l’installation de l’allaitement puis 4 mois jusqu’à la reprise du travail puis 6 mois jusqu’à la diversification (faite finalement à 5 mois car Baby avait trop envie de croquer) puis puis… Baby a 12 mois et je ne suis pas prête d’arrêter !

Comment vous êtes-vous organisée ?

J’ai commencé à faire des réserves quand Baby avait 2 mois. D’abord j’ai loué un Medela Lactina (efficace mais énorme) à la pharmacie : le 1er jour j’ai tiré 5 ml ! Oui il faut être têtue pour tirer son lait ! Au début, c’était juste « pour voir » si j’arrivais à tirer. Puis les quantités ont augmenté rapidement et j’ai changé de tire-lait dans l’objectif d’en avoir un plus petit pour le boulot. J’ai loué un Ameda Lactaline via Almafil et je ne suis pas déçue : petit, silencieux, efficace.

Malheureusement quand Baby a eu 3 mois et demi je me suis aperçue que mon lait était prédigéré… J’avais pourtant fait des tests au début mais je n’avais rien remarqué d’anormal… J’ai donc tenté de décongeler quelques sachets et… c’était immonde ! A 15 jours de la reprise, j’ai tout jeté (5 litres) et j’ai reconstitué un stock en chauffant mon lait. Je n’ai pas été abattue : au contraire ! j’ai passé des heures à réfléchir à comment chauffer mon lait au travail rapidement et efficacement. J’étais trop investie pour abandonner maintenant. J’ai tout essayé : casserole, chauffe biberon, bain marie avec une bouilloire, thermoplongeur.

A la reprise, j’ai opté pour… la casserole (avec un thermomètre). Dans les lieux où je travaille, il y a toujours une petite cuisine avec une plaque (et un frigo). Evidemment j’ai attiré les questions : déjà que tirer son lait au travail ça fait extra-terrestre mais alors là le faire chauffer à 60° précise dans la cuisine commune avec tous les collègues !!!! Quand je ne pouvais pas le chauffer, je jetais mon lait. Globalement je trouvais toujours un petit coin où tirer mon lait (je travaille dans un conseil général) mais 2-3 fois, j’ai du tirer aux WC et j’ai jeté de peur de la contamination.

Très important, j’ai acheté un bustier pour tirer mon lait : non mais vraiment j’aurais du l’acheter plus tôt ! Très pratique.

Un petit truc appris sur le blog, je mettais mon matos au frigo entre 2 tirages : gain de temps pas négligeable.

Je tiens à dire également que la prédigestion de mon lait n’a duré qu’un temps : comme je l’ai dit je n’avais rien remarqué au début donc ça a sans doute commencé vers 3 mois et ça s’est terminé vers 7 mois. Il faut tester régulièrement.

Quelles ont été vos principales difficultés ?

La prédigestion de mon lait sans doute. Avec l’expérience tirer mon lait me prenait 15 min mais le temps de chauffage (aller à la cuisine, chauffer, laver le matériel) ajoutait 15-20 min. Donc 2 fois 40 minutes par jour… Pas évident dans le cadre du travail…

Parfois j’ai eu des petits moments de doute notamment quand Baby a eu 8 mois (angoisse de séparation+poussée dentaire) et ses réveils nocturnes (3 à 5)… Mais ces moments ne durent pas longtemps.

J’ai été aussi bousculée par les différentes remarques de mon entourage : « tu lui donnes ENCORE à manger ? » (allaitement à la demande). « Tu vas allaiter ENCORE combien de temps ? » (16 ans). «Tu lui donnes ENCORE QUE ton lait ? » (mère maltraitante qui affame son enfant). Bref oui même moi médecin de mon état, du haut de mes 33 ans, on m’a fait la leçon… Finalement tout cela a augmenté ma confiance en moi car oui mon enfant est formidable : très sociable, très souriant, indépendant, jamais malade, hyper moteur. Jamais personne n’a fait le lien entre cela et la qualité de notre maternage (le papa et moi).

Quels ont été vos meilleurs moments ?

Allaiter c’est le bonheur : les tétées de retrouvailles, les tétées de nuit (oui oui ce moment rien qu’à nous deux), les tétées sur les aires d’autoroute, les tétées à la terrasse d’un café, les tétées dans le train etc… Je ne pensais pas que je deviendrais une pro-allaitement.

Je suis fière de ce que j’ai mobilisé pour Baby et je ne me suis jamais sentie aussi femme et aussi féministe de par mon allaitement.

Qu’est-ce que vous souhaiteriez dire aux mamans qui doivent faire un choix dans les semaines à venir ?

N’écoute personne : ni ta mère, ni ta belle-mère (surtout), ni ton mec (et oui), ni ton médecin, ni ta voisine.

Fais toi confiance.

Sois têtue.

Appelle une conseillère en lactation si besoin : moi j’ai appelé Solidarilait 2 fois : 2 fois j’ai pleuré pendant 1 h et… ma conseillère m’a écoutée, rassurée, motivée. Et j’ai écris de nombreuses fois à Véronique.

Renseigne toi : lire ce blog et le livre de Véronique.

Juste pour info : dans ma formation de médecin généraliste (10 ans), je n’ai pas eu une seule heure consacrée à l’allaitement… Et je n’ai appris que les complications (engorgement , mastite, etc…).

Ce serait à refaire, vous referiez le même choix ? Que changeriez-vous ?

Oui absolument ! J’espère bien recommencer pour Baby 2.

Je commencerai par faire des réserves plus tard et de manière moins angoissée car finalement Baby a eu du lait frais dans 95 % des cas. Le surplus de lait congelé a fini dans les purées. Si j’avais su je n’aurai pas jeté le lait prédigéré et j’aurai essayé de le mettre dans les purées.

Comme j’ai connu l’expérience de la pré-digestion, je chaufferai mes réserves par prévention…

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