anne-laure2Quel choix avez-vous fait au moment de la reprise du travail : sevrage ou poursuite de l’allaitement ? Pourquoi ?

Je me suis toujours imaginée allaitant mon bébé. Je me disais : 6 mois, c’est ce qui est recommandé, ce serait bien. Alors je me suis renseignée : merci Dr Marie Thirion ! Son bouquin, « l’allaitement, de la naissance au sevrage », m’a permis de ne pas écouter les personnes de mauvais conseil (sages-femmes, puéricultrices) qui m’ont conseillé, en vrac : d’appuyer sur mon sein pour dégager le nez de Samuel ; d’introduire des biberons de complément dès le 2è jour pour accélérer la prise de poids (bébé né à 3,460kg, n’ayant pas perdu 10% de son poids) ; ou encore de ne le nourrir que toutes les 2-3h parce que « oui c’est à la demande, mais s’il a tété (attention, pas plus de 10mn chaque sein) ce n’est plus de la faim, c’est un besoin de succion, et pour ça il y a les sucettes, il ne faut pas que vous deveniez son doudou ! Et s’il pleure encore… oh, mais c’est que vous ne devez pas avoir assez de lait… pauvre petit, tu as faim…  » (La pesée a fait taire cette puéricultrice PMI : il prenait du poids vitesse grand V).

Et puis les crevasses, l’hypersensibilité… Heureusement, je connaissais une sage-femme super, qui elle s’est rendue disponible quand j’en avais besoin et m’a surtout rassurée sur le fait que tout allait bien… Donc un premier mois difficile, mais je me suis accrochée.

Et ensuite, ça a roulé. On a trouvé notre rythme de croisière. J’ai eu la chance d’avoir un congé maternité long : les aînés de mon compagnon, même s’ils ne sont avec nous qu’une semaine sur deux, m’ont donné droit au congé maternité pour 3ème enfant ! Au total j’ai pu profiter de mon fils pendant 6 mois 1/2.

Plus la reprise du boulot approchait, plus je me disais que c’était trop bête de m’arrêter alors que tout se passait bien et que tous les deux on se faisait visiblement plaisir!

Alors je me suis renseignée, j’ai assisté à une réunion de la Leche League, et je suis tombée sur ce blog : une mine.

Comment vous êtes-vous organisée ?

Grâce à vos bons conseils, je me suis procuré 2 tire-lait double pompage en location (remboursés puisque l’un à mon nom et l’autre à celui de mon fils) : un Medela Symphony pour la maison, et le tout petit discret Ameda Lactaline pour le boulot. J’ai fait un peu de réserves à l’avance, mais je n’ai jamais tiré beaucoup, donc j’angoissais pas mal sur les quantités.

J’ai pu reprendre le boulot progressivement : pendant les 3 premières semaines je bossais à mi-temps. Donc j’alternais les journées « tétée » avec les journées « tire-lait ».

Au boulot je ne pouvais tirer qu’une fois par jour. Je n’ai pas voulu en parler à ma chef, déjà franchement échaudée par ma longue absence…

J’ai appelé la médecin du travail, qui m’a permis de m’installer dans son bureau entre midi-2 plusieurs jours par semaine. Les autres fois je me trouvais une salle vide ou le bureau de collègues-amies, mais ce n’était franchement pas idéal : le stress que quelqu’un déboule!

Donc, Samuel tétait au réveil (6h00), puis juste avant le départ de la maison (8h00). A midi je tirais mon lait, puis Sam tétait quand je le récupérais (18h15) puis pour s’endormir (19h15 au début). Et enfin je retirais mon lait le soir (22h). Et bien sûr, tétée à volonté week-ends et RTT !

Il a aujourd’hui 1 an, et il tête toujours ! Plus ou moins selon les périodes -autre chose à faire quand on découvre la marche, mais ça reste un grand plaisir pour nous 2.

Par ailleurs, il m’arrive de devoir m’absenter pour le boulot 2 jours, et j’ai donc acheté un Medela Harmony, ou bien je tire mon lait à la main, une ou deux fois, histoire d’entretenir, mais maintenant ça ne me semble plus indispensable.

Quelles ont été vos principales difficultés ?

Je tirais des petites quantités, je voyais ma réserve diminuer à vue d’oeil, j’avais tout le temps peur qu’il n’ait pas assez. Tirer entre midi-2 s’est avéré stressant et speed (je n’avais pas toujours 1/2h devant moi)… Au bout de 2 semaines, comme Samuel prenait des petits suisses, j’ai arrêté de tirer mon lait au boulot, pour voir ce que ça donnait. Puis j’ai rapidement laissé tomber la traite du soir, qui était vraiment contraignante (envie de dormir!), alors on a introduit le lait artificiel chez la nounou. Et Samuel a continué à téter matin, soir, week-ends… Et continue toujours.

Quels ont été vos meilleurs moments ?

Le retour à la maison. Le moment de détente absolue, quand mon petit tête paisiblement, que tout est calme, et que je me pose enfin après la journée de boulot.

Et puis la façon dont il laisse brusquement tout en plan pour venir vers moi avec un sourire béat quand je lui dis simplement « tu veux téter ? ».

Et les douces rigolades, quand il joue avec mon collier et essaie de le fourrer dans ma bouche, et que je fais mine de manger sa main… il se marre, le sein dans la bouche, c’est d’un tendre !

Qu’est-ce que vous souhaiteriez dire aux mamans qui doivent faire un choix dans les semaines à venir ?

Que si elles se posent la question, autant essayer.

Il faut bien s’entourer, de personnes qui l’ont fait et pour qui ça a marché, ne pas écouter les oiseaux de mauvais augure ou ceux qui conseille d’en profiter pour retrouver du temps pour soi… Comme si ce n’était pas aussi du temps pour soi!

Ne pas s’arc-bouter non plus sur l’allaitement maternel exclusif, le lait artificiel n’est pas mauvais, et l’allaitement mixte peut alléger le rythme de vie.

Et puis plus le temps passe, moins il y a de « contraintes  » : plus de fuites, une absence n’est pas un problème…

Et surtout, en allaitant longtemps je trouve ce que je n’avais pas imaginé avec les rires de mon fils pendant la tétée, on est à mon sens encore plus dans l’échange !

Ce serait à refaire, vous referiez le même choix ? Que changeriez-vous ?

Peut-être que j’introduirais le lait artificiel plus tôt… Peut-être que dans une situation professionnelle plus sécurisante j’irais demander une salle, comme la loi le prévoit, auprès de ma direction ou des ressources humaines.

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