clémentineQuel choix avez-vous fait au moment de la reprise du travail : sevrage ou poursuite de l’allaitement ? Pourquoi ?

J’ai repris le travail alors que Clémentine avait 3 mois et demi. J’adhère à une association locale, Materlait, qui à la fois informe les parents sur le mode d’alimentation de leur futur enfant et les aide lorsqu’ils ont fait le choix de l’allaitement ; chaque semaine, plusieurs réunions collectives ont lieu lors desquelles chaque parent en compagnie de leur bébé peut exprimer ses doutes, partager ses questions etc… Remarquez que ces séances sont ouvertes aux papas ! Car l’allaitement n’est pas qu’une affaire de femmes ! J’y ai donc entendu parler entre autre de tire-lait, de stock, de sevrage etc..
Les sujets évoqués ne se cantonnent pas à l’allaitement ; j’en veux pour exemple de thèmes abordés : les pleurs du bébé, le sommeil etc..
C’est Yolande, une sage-femme diplômée en lactation qui nous soutient ; ce qui est un privilège (!) tellement on entend de sottises et de « on-dit » !

Mon choix de poursuivre l’allaitement à la reprise du travail s’est fait naturellement : je me suis interrogée assez vite, une fois passé le premier mois de notre fille. Mon allaitement se passait sans encombre, j’étais soutenue par mon mari, cela me semblait couler de source d’envisager de poursuivre au moment de la reprise du travail.

Alors, j’ai tout d’abord testé un tire lait manuel pour me rendre compte des « sensations » (forcément différentes du contact avec son enfant), pour évaluer si cela me poserai problème, mais non ! J’ai essayé ensuite un tire lait double pompage AXXXA LXXXXXXXE (bip pas de marque mais c’est le modèle facilement transportable). J’ai ensuite demandé une prescription pour l’obtenir. Comme le fait de tirer ne m’ennuyait pas (pas de syndrome meuuuuuh), j’ai tout bonnement décidé de commencer un stock de lait pour envisager sereinement la reprise.

J’ai contacté mon employeur pour lui faire part de mon projet, de mon souhait et de la nécessité de disposer un bureau dans lequel je puisse m’isoler (je partage le mien avec un collègue). Ma demande a bien été accueillie, sans réticence. Je n’ai rien caché à mes collègues proches et moins proches, estimant qu’il n’est pas honteux ni intime d’évoquer ces questions. Un de mes plus proches collègues a dessiné une petite vache sur l’écriteau que j’appose sur la porte fermée, nous avons bien ri !

Toutes les conditions étaient donc réunies pour reprendre le travail l’esprit serein.

Comment vous êtes-vous organisée ?

Puisque mon projet de poursuivre l’allaitement exclusif s’est vite dessiné, nous avons commencé à donner des biberons de lait maternel à notre enfant dès qu’elle a eu 6 semaines, ce conseil d’habituer tôt notre enfant nous a été prodigué par Yolande, sage-femme diplômée en lactation qui assure les séances à Materlait.

Du moment que la nourriture était au rendez-vous, Clémentine n’a jamais eu de réticence envers le biberon. C’est une bonne vivante !

J’ai débuté le stock de lait environ 4 semaines avant la reprise, je tirais mon lait le matin, après une tétée en double pompage, et j’obtenais environ 150 ml. J’ai donc pu constituer une réserve de 5 litres jusqu’au moment de la reprise.

Le matin, avant de partir, je nourris Clémentine et je fais un double pompage, puis je tire mon lait sur mon lieu de travail pendant midi et une heure avant de nous retrouver. J’obtiens entre 500 et 600 ml de lait chaque jour.

Je donne donc à la nounou 2 biberons de lait frais et un biberon de lait congelé pour consommer le stock au fur et à mesure.

Le stock effectué, additionné au fruit du recueil quotidien, est bien suffisant car Clémentine ne consomme même pas ce que je « produis » dans la journée.

Le soir, j’allaite Clémentine à la demande, c’est environ 3 à 4 tétées chaque soir.

Pour ce qui est des week end (qui pour moi débute le jeudi soir puisque je travaille à 80%), je la nourris exclusivement au sein et à la demande également.

Je me suis largement appuyée sur tous les conseils que vous prodiguez (fiche à l’attention de l’assistante maternelle, comment optimiser la production de lait grâce l’aide de pressions etc…)

Quelles ont été vos principales difficultés ?

Celles que j’ai connues sont :

– Les premiers jours de mise en place : positionner son bébé, s’adapter au nouveau rythme de vie : sommeil et activités sans cesse interrompus, se faire confiance quant à son allaitement.

– il y a les moments de fatigue, qui surviennent notamment aux moments des pics de croissance. Ils sont terribles parce qu’il est tentant (quand on ne connait pas leur existence) de baisser les bras et d’arrêter l’allaitement. Je pense qu’ils sont la cause de bon nombre d’arrêts.

Je pense que ces difficultés sont classiques mais tellement mêlées à nos premiers pas de parents, qu’elles mettent en péril l’allaitement.

Quels ont été vos meilleurs moments ?

Comme beaucoup de mamans qui reprennent une activité professionnelle (je pense), ce sont les retrouvailles le matin, après une bonne nuit de sommeil et en fin de journée, après le travail.

La satisfaction de savoir que l’on donne l’alimentation la mieux adaptée à notre enfant, le plaisir de partager des moments uniques avec son enfant, la certitude que l’on a eu raison d’essayer sans se poser trop de questions et de persévérer dans les moments de fatigue et de doutes.

Tous les moments d’échanges avec les personnes rencontrées dans l’espace public : c’est fou comme voir une femme allaiter suscite la rencontre ! Souvent les regards sont bienveillants, les paroles aimables.

Les femmes parlent souvent de leur propre allaitement, c’est rigolo !

De plus, ces occasions constituent un réel moyen de sensibiliser celles et ceux qui ne le sont pas, en montrant l’ « acte d’allaiter » en public, de travailler sur l’image inconsciente qui consiste à penser que le biberon est la « norme ».

Qu’est-ce que vous souhaiteriez dire aux mamans qui doivent faire un choix dans les semaines à venir ?

Aux femmes enceintes, informez-vous ! Et cela, même si l’image de l’allaitement ne fait pas partie de votre projection de vous-même dans le rôle de parent. Je suis l’exemple même celle qui ne s’imaginait pas du tout en tant que maman allaitante.

J’ai pris le parti de me renseigner, puis d’essayer lorsqu’on m’a parlé de la tétée de bienvenue à la maternité.

Finalement, Clémentine a 6 mois aujourd’hui et je ne regrette pas de m’y être intéressée. Ce sont des moments uniques qu’on ne peut comprendre si on n’a pas tenté l’expérience.

Je pense que nul choix n’est libre s’il n’est pas éclairé.

Aux mamans qui allaitent et pour qui la reprise du travail approche, faites-vous conseiller : consultante en lactation, association locale, amie qui partagerait volontiers son savoir et son expérience, site internet… les infos existent, le soutien humain est plus approprié, je le concède.

Maître mot majeur : faites-vous confiance !

Cela demande un peu de logistique, mais je ne crois pas plus que pour préparer des biberons de lait artificiel.

Ce serait à refaire, vous referiez le même choix ? Que changeriez-vous ?

Je referai les mêmes choix, sans se mettre de pression.

J’ai bizarrement décidé de me lancer, de me jeter à l’eau sans me fixer d’objectifs (ce qui soit dit en passant ne me ressemble pas du tout !) Je pense que cet état d’esprit aide parce que nous sommes habitués à mesurer, jauger,…en particulier en ce qui concerne les bébés.

Certes, l’allaitement se base sur de la théorie, et en cela, être renseignée et se faire conseiller est précieux. Mais ensuite, lorsque que l’enfant naît, l’allaitement, c’est de la pratique ! et il faut se faire confiance : il faut apprendre à connaitre son enfant et se mieux connaitre soi.

Articles en rapport :