sevrageJ’ai 30 ans et je suis maman d’une petite fille de 20 mois. Il m’avait toujours paru normal d’allaiter, même si je n’avais pas beaucoup d’exemples d’allaitement bien établi autour de moi, mais la naissance d’un bébé par césarienne dans mon entourage et le désarroi de la maman qui n’arrivait pas à l’allaiter à la maternité m’a alarmée : non, allaiter un enfant ne va pas de soi, il faut être préparée. Une autre histoire de maman désirant allaiter, à qui l’on administre par erreur un médicament « anti-montée de lait » à la maternité, m’a également choquée. Pendant ma grossesse, j’ai donc chercher à me renseigner un maximum afin d’être « prête ». Une maman m’a prêté le livre du Dr Thirion « De la naissance au sevrage » que j’ai lu studieusement. Au final, mon état d’esprit était le suivant : se méfier des mauvais conseils (au point de ne faire confiance à personne sur la question de l’allaitement) et ne faire confiance qu’à ma nouvelle « bible ».

J’ai donc choisi d’accoucher dans une clinique qui venait de recevoir le label « Amis des bébés » en précisant bien au personnel médical que je voulais à tout prix allaiter. Tout s’est déroulé parfaitement, ma fille a rampé vers mon sein à la naissance, et l’allaitement s’est parfaitement mis en place, sans souci particulier. Sa prise de poids était parfaite.

La question du tire-lait s’est rapidement posée en prévision d’un mariage vers ses 2 mois. Après moult renseignements sur internet, mon choix s’est porté sur le Medela Freestyle (compact, pratique et discret) et les biberons Calma (qui d’après le fabriquant, interférait peu avec la prise du sein). Sur les conseils de la sage-femme, j’ai attendu 1 mois avant de commencer à tirer un peu de lait. J’ai été rassurée de voir que je pouvais tirer mon lait et très fière de ma fille lorsqu’elle a englouti son 1er biberon dans les bras de son père.

Vers 1.5 mois, ma fille a enfin (?!) accepté de prendre la sucette que j’essayais de lui faire prendre depuis 2 semaines. Cela m’a beaucoup soulagée (je restais souvent entre 30 et 60 min à lui donner le petit doigt le soir dans son lit pour qu’elle s’endorme) et m’a permis de souffler un peu pendant la journée et de manger un déjeuner autrement qu’au lance-pierre. [Avec le recul, j’aurais peut-être dû la porter plus souvent en écharpe, mais c’était un été très chaud, et mon écharpe nous tenait chaud.]

A 3 mois, elle a commencé à faire des nuits de 12h, et à ne téter plus que 4 fois par jour. J’étais très fière de ma fille, qui avait déjà un rythme de « grande ». [Avec le recul, j’aurais dû lui proposer le sein plus souvent, mais ma fille ne réclamait jamais à manger en dehors des « heures de repas », manifestait rarement sa faim. Et la fois où je lui avais proposé le sein trop tôt, elle avait tout régurgité. Et sa courbe de poids était bonne (5.2kg à 3 mois).]

Quel choix avez-vous fait au moment de la reprise du travail : sevrage ou poursuite de l’allaitement ? Pourquoi ?

Je n’étais pas prête pour le sevrage, bien qu’initialement, je m’étais dit que l’allaitement, ce n’était seulement possible que pour les mamans qui ne travaillent pas. Mais bon, on verrait bien où cela nous mènerait.

J’ai repris le travail en octobre (je suis ingénieur informatique) lorsque ma fille avait 3.5 mois. Pendant mon congé mat, je me suis renseignée sur la législation et opté pour une reprise à 80% pendant 5 mois, et 90% par la suite. Ma fille était gardée par une assistante maternelle à 2 pas de chez moi, 10h par jour, du lundi au jeudi. Il était naturel pour moi de continuer à l’allaiter, mais je pensais que j’aurais rapidement recours à des préparations infantiles pour tenir le coup.

L’adaptation chez la nounou s’est bien passée, les premiers biberons de mon lait ont été difficiles, puis ma fille s’est habituée.

Comment vous êtes-vous organisée ?

J’ai commencé à me renseigner sur internet sur la conservation du lait maternel, et je suis tombée sur le blog de Véronique Darmangeat. C’est sans conteste ce qui m’a permis de m’informer et de m’organiser efficacement pour ma reprise du travail. Merci Véronique !

La semaine précédant ma reprise, j’ai pris contact avec les RH pour mettre en place mes pauses allaitement. J’ai eu de la chance d’avoir eu une salariée qui avait tiré son lait 1 an avant et qui avait « ouvert la voie ». Mon entreprise dispose d’une infirmerie, avec une infirmière permanente, comprenant une pièce close avec 2 lits. J’ai pris contact avec l’infirmière, et elle m’a grandement facilité les choses en me mettant à disposition le local, ainsi qu’un frigo avec freezer où déposer mes pains de glace, et d’un lavabo propre où je pouvais faire ma vaisselle.

Le matin, je me levais plus tôt pour avoir le temps de m’occuper de ma fille, lui donner un sein, puis tirer le deuxième, me préparer, l’amener chez la nounou à côté de la maison et partir au travail (35 min de route). Comme ma fille prenait 2 biberons chez la nounou, je faisais 2 pauses tire-lait au travail : l’une sur ma pause déjeuner, et l’autre vers 16h15. Le soir, je récupérais ma fille vers 18h15. Au début, je ne faisais pas de tétée de retrouvaille, car j’avais peur de manquer de lait pour la tétée de 19h30 avant la nuit. Elle dormait ensuite d’une traite jusqu’au matin. Avant de me coucher, il arrivait que je fasse un dernier tirage pour compléter les biberons.

Je tirais donc mon lait 3 à 4 fois par jour de travail, et arrivais ainsi à tirer entre 330ml et 480ml selon mon état de fatigue. Ma fille a rapidement pris le rythme de 2 biberons de 240ml chez la nounou, qu’elle buvait calmement en une dizaine de minutes. Il fallait donc tenir le challenge.

J’ai fonctionné en flux tendu, avec à peine 3 ou 4 jours de stock de lait congelé en sachets Lansinoh. Je tirais mon lait le matin le week-end pour avoir mon stock pour le lundi, et le lait tiré au travail était donné le lendemain. Le jeudi soir, je congelais mon lait (je n’osais pas le laisser au frigo jusqu’au lundi). Comme je conservais mon lait dans une glacière la journée (avec renouvellement des pains de glace), j’étais très rigoureuse sur l’hygiène : je lavais mes accessoires après chaque tirage, et je stérilisais tire-lait et biberons tous les soirs.

Quelles ont été vos principales difficultés ?

Ma principale difficulté, et tourment, a été sa faible prise de poids pendant les 3 mois qui ont suivi ma reprise du travail.

Après 3 semaines de travail, je constate que sa courbe de poids stagne (seulement +140g entre ses 3 et 4 mois), la pédiatre (remplaçante) n’a pas l’air de s’en inquiéter. Devant mon inquiétude, elle s’étonne que je ne la complète pas au lait artificiel… Un mois plus tard, à peine 300g de plus. Je demande alors conseil à une maman de la Leche League et j’introduis une tétée supplémentaire, au retour de chez la nounou. Je commence également les tisanes d’allaitement. Vers ses 5.5 mois, je commence la diversification en respectant les doses de la pédiatre habituelle (et bienveillante quant à l’allaitement), en espérant que ça me soulagerait du rythme infernal du tire-lait. Mauvais calcul, comme je donnais du légume sans féculent, j’aurais dû continuer à proposer la même quantité de lait. La pesée de la visite des 6 mois me met une nouvelle claque (+170g). La pédiatre me donne alors un ultimatum : j’ai 15 jours pour inverser la tendance, après on passe au lait artificiel.

J’ai donc posé un congé de 15 jours (heureusement, c’était Noël), commencé à prendre du Fenugrec, remisé mon tire-lait au placard, et je suis passé en mode allaitement intensif (entre 6 et 7 tétées + le déjeuner et le goûter diversifié) et loué une balance. En 15 jours, +400g et on attend les 6.2kg ! Comme quoi, il n’y a pas de miracle, il faut proposer le sein souvent 🙂 .

A la rentrée de janvier, ma fille n’acceptait plus mon lait en biberon chez la nounou. Après 3 jours de tirage pour rien, j’ai laissé tomber le tire-lait avec un grand ouf, et j’ai remplacé par des laitages chez ma nounou.

Je suis restée sur un rythme de 1 tétée le matin et 2 le soir en semaine jusqu’à la pesée de ses 8 mois, qui était moyenne. Je me suis résolue à ce moment-là à compléter les tétées avec du lait artificiel bio. Elle a mis une dizaine de jours à l’accepter et les quantités prises ont augmenté petit à petit, jusqu’à atteindre 120 ml vers ses 12 mois. A 12 mois, on est passé au lait entier. Dès le passage en mixte, sa courbe de poids s’est régularisée (elle atteint maintenant les 10kg à 20 mois).

C’a été néanmoins un soulagement de me dire, qu’en mon absence, elle pouvait très bien prendre un grand biberon sans me réclamer.

Par la suite, les tétées ont toujours été un peu chaotiques, elle préférait souvent jouer ou feuilleter des livres. J’ai tenu bon et appris à accepter les livres pendant la tétée 🙂 .

Vers ses 18 mois, j’ai abandonné la tétée du soir, car elle ne la réclamait plus et j’en avais marre de lutter, ce n’était plus un moment de plaisir. Puis elle a commencé à refuser la tétée du matin au profit du biberon (notamment le matin de Noël 🙁 ). J’ai insisté un peu, puis à la rentrée de janvier, vers ses 19 mois, j’ai décidé d’arrêter la tétée du matin, c’était trop laborieux. Et du coup, j’ai gagné un bon 1/4h dans mon planning du matin, c’était pas plus mal…

Ce sevrage s’est fait très progressivement, entre 8 et 19 mois je dirais. A chaque fois je me disais : c’est bientôt la fin, mais ça a quand même continué de longs mois 🙂 .

Quels ont été vos meilleurs moments ?

-> Sa bouille toute repue après une tétée, quand elle était encore toute petite.

-> A partir de 6 mois, profiter pleinement de mon allaitement et ne plus avoir à tirer mon lait. Les tétées matin et soir en semaine suffisaient et c’était un bonheur d’avoir rangé le tire-lait !

Allaiter ma fille aussi longtemps est une vraie fierté. Même si je la nuance toujours en disant que j’ai dû compléter à partir de 8.5 mois, et que progressivement, les tétées n’étaient plus aussi nutritives qu’au début (à la fin, c’était vraiment express !). Mais bon, je pense qu’avec le niveau de connaissances sur l’allaitement que j’avais alors, ainsi que la fatigue due à la reprise du travail, je n’aurais pas pu faire mieux.

Ça a également été un combat. Sur le plan physique, car tout gérer jusqu’à ses 6 mois (trajets, allaitement, tire-lait, boulot) m’a beaucoup fatiguée. Et aussi, j’ai dû tenir bon face aux remarques « mais tu l’allaites encore ??! », « tu penses que tu vas arrêter quand? » quand ma fille était plus grande.

Dans mon aventure, j’ai une amie maman, qui avait accouché 1 mois après moi, et qui partageait la même philosophie. Nous nous sommes beaucoup entre-aidées et avons appris ensemble jour après jour.

Maintenant, je retrouve un peu ces moments de complicité quand je la porte en Buzzidil. C’est ma façon de compenser 🙂 .

Qu’est-ce que vous souhaiteriez dire aux mamans qui doivent faire un choix dans les semaines à venir ?

Je pense qu’il est indispensable de se documenter sur l’allaitement pendant sa grossesse, pour démêler le vrai du faux, et avoir confiance en soi dès les premiers moments de vie de son bébé.

Il faut s’entourer des bonnes personnes (une sage-femme consultante en lactation, discuter avec des mamans allaitantes, lire des blogs sur le sujet, …) et ne pas tenir compte des avis négatifs sur l’allaitement de la part de personnes n’ayant pas le même point de vue que vous.

Il faut surveiller la prise de poids de son bébé à la reprise du travail, et réagir rapidement en cas de stagnation.

Il faut s’organiser, déléguer le maximum des tâches ménagères à la maison, aller à l’essentiel, profiter de son bébé, se ménager et DORMIR. Sinon, on ne s’en sort pas 🙂 .

Ce serait à refaire, vous referiez le même choix ? Que changeriez-vous ?

Il est certain que j’allaiterai mon prochain enfant. Et j’espère faire mieux.

Pour le second, si c’est financièrement possible, j’aspire à m’arrêter complètement jusqu’aux 5 mois et reprendre à 50% jusqu’aux 6 mois, puis à 80 ou 90%.

Je me renseignerai pour trouver une sage-femme consultante en lactation.

Je ne donnerai pas la sucette en journée, afin de ne pas rater de tétées. Je porterai mon bébé encore plus en écharpe (j’en prendrai une adaptée aux canicules si besoin 🙂 ).

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