allaitement et travailQuel choix avez-vous fait au moment de la reprise du travail : sevrage ou poursuite de l’allaitement ? Pourquoi ?

Ma fille a bientôt 8 mois et elle est allaitée exclusivement depuis sa naissance. Une fois que mon allaitement s’est bien mis en place (démarrage difficile), je n’ai eu aucun doute sur l’envie de poursuivre cette aventure le plus longtemps possible, y compris avec la reprise du travail. Pour moi c’était une évidence, d’autant que tout se passait très bien. Pourquoi arrêter ?
J’avais fait quelques recherches sur les laits maternisés, afin d’en choisir un moins « mauvais » que les autres (dans la mesure où les constituants ne sont pas toujours satisfaisants, y compris dans le bio). Juste au cas où, mais finalement, je n’en ai pas eu besoin.
J’ai eu la chance de ne reprendre le travail qu’aux 5 mois 1/2 de ma fille et j’ai eu le temps de trouver le bon rythme, de m’adapter aux tétées, d’avoir un peu « d’expérience« .
J’ai aussi eu la chance de vivre un allaitement sans désagrément (ni fuites / ni seins douloureux : pas de problème lors des montées de lait). Cet aspect, qui peut, mine de rien, être très gênant, n’a donc pas été un obstacle.
Mon bilan après presque 3 mois de reprise est donc très positif et j’espère que ça va durer encore longtemps !

Comment vous êtes-vous organisée ?

La grande inconnue dans cette poursuite de l’allaitement, c’était la façon dont j’allais gérer les tirages. Pourtant prévoyante de nature, je n’avais pas envie de faire de stocks à l’avance (pas fan du congélateur / crainte de surstimuler ma lactation) mais la peur de ne pas pouvoir fournir assez de lait restait quand même très présente dans ma tête. J’ai quand même préféré attendre la reprise du travail pour gérer sur le moment. Et je ne regrette pas d’avoir pris les choses comme elles venaient car ça se passe très bien depuis ! J’ai un tire-lait manuel qui me convient (je tire 150 à 200 ml en 15 minutes), un endroit tranquille au travail pour tirer mon lait sans être dérangée.

Au début, j’avoue que c’était assez facile de tirer mon lait, pour une raison simple : ma fille prenait très peu de lait en journée. Elle se réservait pour mon retour !!! Alors je tirais en très petite quantité. Mais après une dizaine de jours, elle a commencé à trouver son rythme. La demande a augmenté au fil des semaines, et progressivement, j’ai réussi à suivre. J’ai d’ailleurs décidé depuis de ne tirer mon lait que la veille pour le lendemain, je m’arrête quand j’ai la quantité qu’il me faut (200 ml actuellement car ma fille est diversifiée depuis bientôt deux mois).
Sur mon lieu de travail, je ne tire qu’une fois car je n’ai que la pause déjeuner pour le faire (je n’ai pas souhaité demander l’aménagement pour allaitement). J’ai accès à un réfrigérateur avec freezer (pour garder mon pain de glace bien froid en attendant le tirage) ce qui règle les questions de conservation.
Au début, je pensais avoir des difficultés à tenir 6h30 sans tirer (je prends ma pause à 13h30, ma fille tète le matin à 7h) mais en fait, ça va. J’ai même constaté que plus le temps passe, moins mes seins sont tendus.

Quelles ont été ou quelles sont vos principales difficultés ?

Diète de bébé :
Lorsque j’ai repris le travail, ma fille a été gardée 3 semaines par une dame en attendant son admission en crèche (elle n’avait pas tout à fait l’âge car je suis dans une structure parentale qui prend les bébés à partir de 6 mois) et ça a été très difficile pour elle. Elle faisait la diète, refusait le biberon (on avait essayé de l’habituer pendant l’été mais sans succès). Du coup, je tirais mon lait en sachant qu’il risquait d’être jeté. Je faisais pourtant de petits biberons mais une fois réchauffés, ce qui n’était pas pris n’était pas conservé. Ca m’a miné le moral de constater que ma fille ne s’alimentait plus comme avant, elle qui tétait souvent et longtemps ! Heureusement, la situation s’est grandement améliorée après 10 jours. Il a d’ailleurs fallu que j’assure en tirant davantage très vite. Au début, je tirais à différents moments de la journée avec des résultats très variables.

Beaucoup de tétées la nuit = peu de lait le matin :
Ma fille a toujours tété à la demande, avec plusieurs réveils la nuit. Ca ne m’a jamais trop gênée, même si la fatigue est aujourd’hui plus dure à gérer avec le travail. L’ennui c’est que le matin, je n’arrive pas à tirer mon lait car mes seins sont mous et je peux récupérer à peine 30 ml en moyenne. Ca ne vaut pas le coup. J’ai donc du tâtonner pour trouver les meilleurs moments et en fait, c’est au travail que j’y arrive le mieux !

Adaptation crèche / vacances scolaires :
Je ne m’y attendais pas du tout, mais c’est l’adaptation en crèche qui a été le plus gros « obstacle » à mon allaitement ! Elle a duré 15 jours. Avant cela, j’avais trouvé un bon rythme pour tirer mon lait. Puis pendant l’adaptation, tout cela a été chamboulé. J’avais souvent ma fille avec moi, elle tétait donc la plupart du temps et je n’arrivais jamais à tirer mon lait (seins mous) pour les moments où je devais la laisser à la crèche seule. Certaines fois, il a fallu que je m’y reprenne à 4 ou 5 fois pour avoir les bonnes quantités. J’ai même cru que j’étais en perte de lactation. Mais pas du tout. Lorsque l’adaptation s’est terminée, j’ai repris mes horaires de travail et tout est reparti comme avant !
Je me suis heurtée à nouveau au problème lorsque j’ai pris mes vacances à la Toussaint : ma fille étant avec moi, mon rythme de tirage s’en est retrouvé perturbé.
Depuis la reprise, tout est reparti sur une belle normalité.

Quels ont été vos meilleurs moments ?

Comme pour toutes les mamans, les tétées de retrouvailles. Pouvoir donner le sein dès que je retrouve avec ma fille, et quand elle en a envie, jusqu’au lendemain. Je sais que ça ne durera pas toujours alors je veux vraiment en profiter.

Qu’est-ce que vous souhaiteriez dire aux mamans qui doivent faire un choix dans les semaines à venir ?

J’ai envie de leur dire d’attendre la reprise effective du travail avant de prendre une décision ferme (si elles prévoient de sevrer). S’arrêter avant de savoir si ça va être gérable ou non, c’est dommage. Tant que l’on ne l’expérimente pas, c’est difficile de se projeter. L’organisation matérielle peut faire peur (trimballer des sacs isothermes sans arrêt, gérer le tire-lait sur place, se préoccuper de la chaine du froid, s’éclipser pour aller tirer son lait pendant que les collègues déjeunent, etc…) mais les choses se font assez naturellement.

Je leur dirais également de s’écouter, l’important c’est de trouver un compromis entre ce que l’on veut faire et ce qu’il est possible de faire. Pouvoir tirer son lait sereinement est indispensable, et il faut bien le vivre quand cela doit se faire hors de la maison.

Ce serait à refaire, vous referiez le même choix ? Que changeriez-vous ?

Oui je ferais le même choix. Je ne sais pas encore combien de temps cela va durer mais pour l’instant, je veux garder le cap. L’idée d’allaiter au delà de 12 mois ne me gène pas. On s’étonne déjà autour de moi car j’allaite encore. « Encore ! » « Encore ? ». Oui, encore…

Je ne regrette pas de ne pas m’être mis la pression les quelques semaines qui ont précédées la reprise du travail. Je ne voulais pas gâcher les derniers moments exclusifs avec ma fille et c’est ça qui a été plus fort que la crainte de ne pas réussir. Du coup, je n’ai pas insisté pour le biberon par exemple. Ma fille n’en voulait pas, j’ai préféré la laisser tranquille. Elle a finalement réussi à s’adapter sans moi lorsque la prise du biberon s’est mise en place avec les personnes qui la gardaient.

Il ne faut pas oublier que dans l’histoire, bébé joue aussi très bien son rôle et qu’il n’y a pas de raison que ça se passe mal.

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