Aujourd’hui je vous présente Gaëlle Picut. Elle écrit le blog En Aparté, Chroniques autour de la conciliation vie privée / vie professionnelle et des valeurs du travail.

  • Bonjour Gaëlle, qui es-tu ?

Côté privé, Gaëlle Picut, 37 ans, mariée, 3 enfants ; côté pro, différentes expériences professionnelles en communication puis en journalisme. Avec un signe distinctif : beaucoup de mobilité géographique, d’où une certaine capacité d’adaptation !

  • Qu’est-ce qui t’a donné envie d’écrire ce blog ?

Je trouve que les sujets sur la conciliation vie privée / vie professionnelle et les débats autour du travail sont très riches mais parfois traités de façon un peu tranchée ou du moins schématique (enfin, selon moi !). En octobre 2008, j’ai donc eu envie d’ouvrir un espace personnel sur ces sujets pour explorer ces problématiques, faire témoigner des femmes (et quelques hommes !) sur la façon dont elles vivent leur travail et leur équilibre entre vie perso et vie pro, faire de la veille sur les initiatives intéressantes, etc. Je souhaitais également un espace où les lecteurs pourraient réagir, commenter et débattre. Cette interactivité est très importante et enrichissante.

  • Penses-tu que la conciliation de sa vie de mère et de sa vie professionnelle soit une chose aisée aujourd’hui et pourquoi ?

C’est un sujet très personnel auquel il est difficile de répondre de façon générale. Cependant, j’estime que la France est loin d’être la plus mal lotie sur ce sujet. Bien sûr, il reste de gros progrès à faire en termes d’offre de garde d’enfants notamment et de changement de mentalités (culture du présentéisme, schémas de carrière, mobilité, etc.) mais il existe également des points positifs qu’il faut signaler (école maternelle à partir de 3, voire 2 ans, dispositifs financiers, RTT…). D’ailleurs le taux de femmes actives est très élevé en France.
D’un autre côté, les exigences à la fois professionnelles et familiales sont importantes (de plus en plus, je ne sais pas, mais en tout cas ressenties comme telles, certainement), ce qui rend cette articulation des temps de vie parfois difficile en termes d’organisation et de disponibilité temporelle mais aussi mentale.
Après, bien sur que j’ai envie de dire que concilier les deux est tout à fait faisable mais pas de tout repos ! En un sens, c’est normal que cela ne le soit pas ! Car travailler et élever/éduquer des enfants sont deux tâches qui sont exigeantes, prenantes, chronophages. Mais parvenir à mener les deux de front peut-être aussi une source d’enrichissement réciproque. Les conflits, les concessions, les choix sont inévitables mais dans l’idéal, il faudrait que cette conciliation, malgré la fatigue et le sentiment d’être parfois débordé, apporte du positif, un épanouissement et une certaine force.

  • Qu’est-ce qui pourrait améliorer cette situation d’après-toi ?

Je pense que tout le monde doit y mettre du sien : les individus (en tant que personne, conjoint, parent), les entreprises (en favorisant cette conciliation par des mesures de bon sens dans un premier temps et bien sûr par d’éventuels dispositifs financiers ou d’organisation du travail et de management, déroulement de carrière, management de proximité, télétravail, etc…) et l’Etat (développer les systèmes d’offres de garde, encourager la parité hommes/femmes…). Et bien évidemment, le retour de la croissance qui rendrait le marché de l’emploi moins tendu et moins dur.

  • Que conseillerais-tu aux femmes qui reprennent le travail après leur premier enfant ?

D’accepter cette période de flottement, de doutes, de sentiment de ne pas y arriver, du « qu’est-ce que je fais là ? ». Elle me semble légitime, humaine, voire nécessaire !… Les femmes que je connais sont en général partagées : à la fois heureuses de reprendre le chemin du travail pour sortir un peu de chez elle et du quotidien exigeant et pas toujours facile d’un tout petit, et le déchirement de se séparer de leur bout de chou, avec la difficulté de trouver un système de garde rassurant et financièrement acceptable. Cette ambivalence est normale et ne doit pas être niée.
Je pense qu’il est important lors de ces périodes de doutes de savoir s’appuyer sur les points positifs de cette reprise (retrouver une vie sociale plus développée, ré-utiliser ces compétences, mettre en profit celles que l’on a développées pendant son congé maternité ou son congé parental) pour reprendre confiance et trouver son rythme. Bien sûr, si la période de doute et de malaise a tendance à s’éterniser, rien n’empêche d’essayer de changer, d’évoluer (se mettre à temps partiel, changer de service au sein de son entreprise, se mettre à son compte, envisager une reconversion, etc.). L’?idéal est de pouvoir retirer une certaine fierté et satisfaction à concilier les deux et non pas de culpabiliser ou d’?avoir le sentiment permanent de mal faire les deux. Je pense qu’il est important pour chacune d’entre nous de connaître ses forces, ses ambitions, ses envies pour ajuster au mieux son mode de vie mais également de savoir doser selon le temps, l’âge des enfants, sa propre maturité, etc. ses engagements professionnels et personnels. Le rôle du conjoint me semble également crucial dans cette période de reprise. Il est important d’en discuter de manière ouverte et franche et d’obtenir son soutien pratique et moral.

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